"Je noue le hachimaki aux couleurs de notre Japon éternel autour de mon casque. J’effectue ce geste avec lenteur et solennité, sans pensées, sans émotions. Le froid dans mes veines, le temps s’est arrêté, je suis une fleur de cerisier poussée par le vent. A vingt et un ans, j’ai l’honneur d’accepter de mourir pour l’empire du Grand Japon."
Très beau petit ouvrage d’un peu plus de 112 pages que nous propose Stéphanie Hochet, auteure que je découvre, bien qu’elle n’en soit pas à son premier ouvrage. Avec Pacifique, Stéphanie Hochet nous plonge dans l’intimité d’un kamikaze japonais de la guerre du Pacifique, autour d’un roman vibrant, poétique et d’une intensité rare.
L’ouvrage nous permet de mieux appréhender la civilisation japonaise, l’image et l’importance du drapeau impérial. On y découvre les kikusui, des chrysanthèmes flottants, le nom poétique donné au sacrifice d’un avion et de son pilote sur un navire ennemi.
Ecrit à la première personne, le soldat Kanada, âgé de 21 ans, nous montre les sentiments et les émotions qu’il vit après avoir fait le choix de se sacrifier pour sa patrie. Tout est organisé par l’armée, préparation (les pilotes apprennent à raser les flots pour s’écraser dans le flanc des navires), entraînement, dernière photo qui sera envoyée à la famille avec une mèche de cheveux. Des doutes s’installent évidemment, rapidement balayés par le désir d’accomplissement de son destin.
L’ouvrage revient sur sa formation, ses premiers pas dans l’armée puis dans la guerre. Arrive le 1er avril 1945, l’armée, les Américains qui débarquent à Okinawa et les nombreux suicides chez les Japonais. L’ouvrage nous montre la place du suicide dans la société japonaise, un suicide qui n’est jamais mal perçu et qui appartient à la tradition.
Kanada nous parle aussi beaucoup de sa famille, de ses rapports avec ses parents et de sa grand-mère fondamentale dans son éducation, de son enfance aussi et de sa passion pour les auteurs grecs et latins. Son adolescence se résume à l’apprentissage d’un art martial, des lettres classiques et de la poésie, le tout sous la conduite honorable de sa grand-mère.
A seize ans, il retourne chez ses parents, entre à 17 ans au Yokaren pour connaître un entraînement implacable où la discipline règne. Il voit des soldats partir et ne jamais revenir, l’armée japonaise qui commence à souffrir à partir de 1943. La fin de l’ouvrage, celle qui le mène vers sa mission de kamikaze est émouvante mais surtout totalement inattendue (je n’en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de lecture).
Alors voilà j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce nouvel ouvrage de Stéphanie Hochet, un livre superbement écrit qui nous propose une superbe réflexion sur le sens d’une vie, notamment dans cette civilisation japonaise si particulière. |