Monologue dramatique d'après la nouvelle éponyme d'Arthur Schnitzler, adaptation et mise en scène de Nicolas Briançon, interprété par Alice Dufour.
Dans le hall de réception du grand hôtel de San Marino où elle séjourne, Else, fille d'un avocat réputé autrichien va soudain voir sa vie basculer par l'arrivée d'une lettre de Vienne écrite par sa mère.
Elle va devoir, pour sauver son père, emprunter de l'argent au marchand d'art Van Dorsday, vague ami de la famille, lui aussi en villégiature en Italie et qui la répugne. Celui lui demandera en échange de se montrer nue.
Souvent adapté au théâtre, ce court roman d'Arthur Schnitzler a pour particularité de faire partager au lecteur les pensées de l'héroïne. Pensées contradictoires qui se bousculent, désir d'émancipation, "Mademoiselle Else" restitue la tempête sous le crâne de cette jeune fille de bonne famille autrichienne à la fin du 19ème siècle. il est également une critique acerbe de la société viennoise de l'époque.
Monologue éclaté au fil des mille idées qui la traversent, le texte brillant et ciselé de l'auteur de "La Ronde" n'est pas des plus faciles à interpréter. Avec sa voix à la fois douce et naïve (mais à dix-neuf ans, elle n'est pas dupe des écueils de l'existence), la jeune femme vit en direct les tourments qui l'assaillent devant les spectateurs, tenaillée entre Eros et Thanatos.
Nicolas Briançon a choisi de faire de la salle le hall de l'hôtel et il en résulte une proximité avec le public qui permet à la comédienne de prendre appui sur les spectateurs et faire passer toute l'intimité de ses réflexions. Tous les autres personnages sont en voix off.
La mise en scène délicate met en valeur le travail tout en subtilité d'Alice Dufour qui montre les différentes facettes de cette jeune femme tantôt charmeuse ou rebelle, empêtrée dans ses contradictions et pétrie de solitude dans cette société autrichienne puritaine. Confondante de naturel, la comédienne mène au cours de cette magistrale interprétation son Else jusqu'aux confins de la folie.
Les costumes magnifiques de Michel Dussarat et les discrets accompagnements musicaux confèrent également à ce spectacle la plus parfaite excellence. Le final grandiose qui atteint des sommets d'émotion fixe en mémoire la performance lumineuse de l'extraordinaire Alice Dufour, bluffante du début à la fin de ce monologue sublime sur la fin de l'innocence. |