"Il y a une fissure dans toute chose ; c'est ainsi qu'entre la lumière." Leonard Cohen

A ceux qui auraient peur qu’Anna von Hausswolff, cette artiste si particulière, édulcore sa musique il n’en est rien. Ce All Thoughts Fly la dévoile plus sombre, plus brumeuse, atmosphérique et méditative, plus énigmatique que jamais. Peut-être parce qu’ici la musicienne Suédoise va à l’essentiel de sa musique, semble se débarrasser de beaucoup de choses, se concentre sur son instrument : le grand orgue, ici une réplique de l’orgue Arp Schnitger, avec le son retraité en studio par Filip Leyman, pour un disque purement instrumental.

Un disque influencé par une photographie prise dans le Sacro Bosco, dans le parc du château d'Orsini, en Italie. Le jardin présente des sculptures étranges et mythologiques dont une est visible sur la pochette, des bâtiments en ruine et une flore sauvage. "The people who built this park truly set their minds and imagination free (...) All Thoughts Fly is a homage to this creation, and an effort to articulate the atmosphere and the feelings that this place evokes inside of me. Sacro Bosco in Bomarzo is a creation carved out from one man’s head. A frozen thought lasting throughout time and touching people across generations. All thoughts fly, Ogni Pensiero Vola, is about this : the importance of sharing for surviving, creating space and evolving. Once you’ve shared your words they are not only yours anymore."

Anna von Hausswolff nous transporte totalement dans une atmosphère de pénombre, comme un clair-obscur, sans jamais oublier les mélodies (comme derniers points d’ancrage) plus proche de la musique contemporaine que de la pop ou du rock et laisse libre l’auditeur de créer ses propres images mentales.

Il y a un énorme travail sur le son, avec une profondeur, il faut absolument écouter ce disque au casque. Un travail sur l’écriture (comme de longs aplats) mais également sur les dynamiques, les nuances, les registres de l’orgue, sur les timbres, les tempéraments inhérents à l’instrument sur lequel elle joue, sur l’acoustique de cet instrument et les réverbérations de l’église. L’orgue orchestre, l’orgue monde. Totalement pénétrant !