Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre, avec Félix Beauperin, Arnaud Dupont, Brigitte Faure, Romain Lagarde et Charlotte Matzneff.
Drame social inspiré de faits historiques, "Le petit coiffeur" de Jean-Philippe Daguerre ancre son récit dans la France victorieuse mais un peu honteuse de 1945.
A Chartres, dans le salon de coiffure de la famille Giraud, on est coiffeur de père en fils. Ainsi Pierre, a repris le commerce de son père, dénoncé et déporté, avec Jean son frère ainé un peu simplet, tandis que sa mère, Marie, grande gueule mais grand cœur et haute figure de la résistance chartraine, tient le salon pour femme attenant. Du moins, en façade car dans l’arrière-boutique, Pierre avec l’active complicité de sa mère, se livre à des activités un peu particulières. Entre politique, dévouement maternel et coups de ciseau, Marie trouve encore du temps pour filer le parfait amour avec Léon, fort en gueule et résistant tout comme elle, et qui rêve de venger la mort du mari de Mado, son meilleur ami. Lorsque Lise, la belle institutrice entre dans leurs vies, elle va faire voler en éclat toutes leurs belles convictions et les placer fasse au choix crucial de la vengeance ou du pardon. C’est en découvrant la célèbre photo de Robert Capa, "La tondue de Chartres" qui montre une femme tondue et portant son bébé, conspuée par la foule, que Jean-Philippe Daguerre a imaginé le récit de son petit coiffeur. En replaçant ce moment de l’Histoire au sein d’un drame familiale il parle ainsi habilement par projection à nos consciences individuelles, plaçant dos à dos Morale et Justice d’un côté, sens du bon et du juste de l’autre et posant des questions auquel chacun apportera sa propre réponse. Peut-on tout accepter par amour ? Jusqu’où peut-on aller au nom de l’ordre et de la justice ? La mise en scène rigoureuse de Jean-Philippe Daguerre, les décors au réalisme minutieux de Juliette Azzopardi et les costumes impeccables d’Alain Blanchot, nous transportent instantanément dans une autre époque et font de ce petit coiffeur une pièce d’excellente facture.
Si les chorégraphies joyeuses de Florentine Houdinière et les jeux de lumières habiles de Moïse Hill viennent par ailleurs donner du relief à ce récit, on retiendra surtout l’interprétation fabuleuse de Brigitte Faure, magistrale dans le rôle de Mado, cette femme forte au grand cœur, et celle très subtile d’Arnaud Dupont dans celui, faussement simple de Jean et le couple plein de tendresse et de gaîté qu’ils forment sur scène. |