Cette personne que l’on nomme si tendrement mademoiselle, c’est Nadia Boulanger (1887-1979). Cette formule "Dear Mademoiselle" marque l’affection, le profond respect et l’estime que portaient les gens, ses élèves à cette grande dame, figure majeure de la musique du XXème siècle.
Pianiste et compositrice, elle a été la professeure de George Gershwin, Leonard Bernstein, Astor Piazzolla, Philip Glass, Michel Legrand, Aaron Copland, Daniel Barenboim, Quincy Jones, Jean Françaix, Dinu Lipatti, David Lively, Marius Constant...
Cette femme capable de révéler l’essence, la profondeur de la musique, capable de comprendre la musique comme peu de gens dans un siècle, "qui entendait tout" selon Stravinsky, personnage doté d’un très fort charisme, d’une autorité naturelle, souvent considéré comme austère, d’une grande exigence, d’une grande rigueur mais également d’une grande douceur aura une influence considérable sur ses élèves, éveillant leur curiosité, leur révélant leur musique intérieur, l’importance de l’harmonie et de l’analyse musicale, de créer sa propre voie, de donner le meilleur d’eux-mêmes. Elle créa le Requiem de Fauré à Londres et aux États-Unis, fut la première femme à diriger l’orchestre de Boston et de New-York et aura permis aux compositeurs américains de s’affirmer, de m’émanciper de la culture européenne du XIXème siècle.
C’est donc Nadia Boulanger qui sert de fil conducteur à ce disque, la jeune violoncelliste Astrig Siranossian, accompagnée par Nathanaël Gouin et Daniel Barenboim interprète des œuvres de ses élèves : Le Grand Tango d’Astor Piazzolla, la Suite Italienne d’Igor Stravinsky, la Sonata for piano and cello d’Eliott Carter, Tissue No.7 de Philip Glass, Soul Bossa Nova de Quincy Jones et Medley for cello and piano de Michel Legrand. Ces trois dernières œuvres arrangées par Astrig Siranossian et Nathanaël Gouin.
Ils jouent également les 3 pièces pour violoncelle et piano de Nadia Boulanger. Si elle fut une très grande pédagogue, pianiste, organiste et cheffe d’orchestre, elle a composé assez peu. Elle si fière de sa petite sœur Lili, première femme à décrocher le premier grand prix à l’Académie de Rome, qui jugeait sa propre musique inutile et qui décida à la mort de cette dernière à 24 ans en 1918 de cesser de composer.
Le violoncelle dansant, le violoncelle chantant ou vibrant, le violoncelle virtuose d’Astrig Siranossian rend avec toute sa finesse, toute sa musicalité, et tout l’amour même qu’elle lui porte un très bel hommage à cette femme sans qui notre musique ne serait pas tout à fait la même.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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