L''Atelier des Lumières présente, dans le cadre de sa vocation dédiée à l'exposition numérique immersive, et en collaboration avec la Fondation Gala-Salvador Dali "Dali, l'énigme sans fin", une superbe exposition consacrée à Salvador Dali.
Elle a été conçue sous la direction artistique de Gianfranco Iannuzzi, concepteur d’espaces et artiste numérique, Massimiliano Siccardi, vidéaste et artiste multimédia, Renato Gatto, enseignant et metteur en scène et Luca Longobardi, musicien et compositeur.
Et elle se présente comme une rétrospective déclinée en un parcours thématique selon une modalité figurative de déconstruction-reconstruction par télescopage des oeuvres instillé de photographies et d'images d’archives.
Dali c'est fou !
Au début était l'Oeuf qui a généré un Dali hurlant "Je suis Dieu!" et qui, toujours dans le paradoxe, affirmait "J'étais athée jusqu'à ce que je me rende compte que je suis Dieu", ce qu'il matérialise dans son opéra-poème "Etre Dieu, et qui constitue un de ses motifs tel pour "Enfant géopolitique observant la naissance de l'Homme nouveau".
Ainsi est introduite la monstration consacrée à un artiste mégalomane et narcissique qui n'a pas ménagé sa peine, avec une production démesurée, pour atteindre, à l'instar de son aîné homologue et compatriote catalan Picasso, une notoriété mondiale afin de s'inscrire dans l'Histoire de l'art moderne et devenant, de surcroît, un personnage médiatique adepte de l'illéisme qui avait érigé la provocation et l'auto-promotion mercantile au rang des vertus artistiques pour construire sa légende de son vivant.
Le titre de l'exposition emprunte à celui éponyme d'une de ses toilse et correspond au propos de Dali sur son oeuvre - "Personne ne peut comprendre Dali, car je n'ai moi-même jamais compris mon œuvre. Dali n'a jamais compris une seule peinture de Dali, parce que Dali crée uniquement des énigmes" - dont le procédé de création, celui de l'automatisme psychique du surréalisme, résultait de sa fameuse méthode paranoïaque-critique.
Une "méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes" pour représenter l'invisible et l'univers obsessionnel personnel de l'artiste.
L’ensemble, rythmé par le rock progressif de Pink Floyd, groupe mythique des années 60, contribue à la réussite de cette symphonie visuelle autour d'oeuvres emblématiques largement connues du grand public par la récurrrence de leurs motifs.
Tels les "Cygnes reflétant des éléphants", les montres molles ("La Persistance de la Mémoire", les tigres bondissants de "Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme grenade, une seconde avant l'éveil" et les jambes échasses des chevaux et éléphants ("La tentation de saint Antoine").
Mais également des moins connues comme celles de jeunesse avec les paysages de sa province natale et la "Trilogie du désert", et d'autres plus tardives à l'instar des panneaux de "Le Palais du Vent" (1970-1973) du plafond sis dans son Théâtre-musée de Figueras en Espagne
celles des années 40 ("Visages de la guerre"), de son époque mystico-nucléaire des années 50 et les fresques grandioses comme "Le Concile oecuménique"
Comme nombre de surréalistes, Dali s'est intéressé aux arts décoratifs, à la mode, à la musique et à la danse, ainsi pour les décors de "Bacchanale" des Ballets russes, au design et aux bijoux comme pour la série Mae West, au cinéma, à la photographie et au théâtre et a même procédé à la fustigation du média télévisuel
Figure des avant-gardes du 20ème siècle, et comme Picasso, Dali a été Influencé par les Maîtres anciens et la grande peinture, la peinture d'histoire, biblique et mythologique ("Découverte des Amériques par Christophe Colomb", "Christ de St Jean-de-la-Croix" en perspective plongeante et "La tentation de Saint-Antoine").
Mystique se revendiquant athée, Dali voue cependant une adulation effrénée pour Gala, rencontrée en 1929, avec laquelle, pendant cinq décennies, il entretient une relation ambigue et protéiforme.
Gala, son épouse et sa muse ("Gala est pour moi ce que Fornarina a été pour Raphaël"), son amour ultime ("J'aime Gala plus que ma mère, plus que mon père, plus que Picasso et même plus que l'argent"), son démiurge ("Sans Gala, le monde n'aurait pas de génie en ce moment. Dali n'existerait pas") et sa divinité qu'il érige en icône dans de multiples représentations, entre autres, de la vierge de la Renaissance ("Gala Placidia") à la "Léda Atomique" en revisite du mythe de Léda séduite par Zeus métamorphosé en cygne.
La projection est complétée de l'exposition en format court "Gaudí, architecte de l'imaginaire" relative l'oeuvre de l'architecte catalan Antonio Gaudí, qui fut une source d’inspiration pour Dalí, dont les réalisations ressortent au modernisme catalan, déclinaison ibérique de l'Art Nouveau. |