La Maison Européenne de la Photographie présente l'exposition-événement "Moriyama – Tomatsu : Tokyo" consacrée à deux des photographes qui constituent le quatuor des maîtres de la photographie japonaise de l’après-guerre tous nés dans les années 1930.
Après le Musée Guimet qui, en 2016, a consacré une exposition monographique au sulfureux Nobuyoshi Araki surnommé "le diablotin de la pop culture japonais, et l'édition 2017 des Rencontres de la Photographie d'Arles qui a rendu hommage à Masahisa Fukase, le tourmenté, en 2021, la MEP complète le panorama avec un florilège des oeuvres de Shomei Tomatsu et Daido Moriyama.
Et ce dans une exposition bipartite assurée sous le commissariat de Simon Baker, Frédérique Dolivet et Pascal Hoël, respectivement directeur de la MEP, responsable adjointe des collections et responsable de la collection de photographies et chargé d’exposition.
Sa particularité tient à son élaboration à partir d'une monstration conçue par les artistes eux-même lors du vivant de Shomei Tumatsu décédé en 2012, et enrichie par la MEP, Daido Moriyama et Mme Yasuko Tomatsu avec la collaboration du galeriste et éditeur d'art Akio Nagasawa.
Tomatsu/Moriyama : deux regards pour une photographie documentaire subjective
Centrée sur la capitale japonaise et un travail sériel autour de thématiques intrinsèques à l'urbanité tokyoïte, notamment le très animé quartier de Shinjuku considéré comme le coeur de la contre-culture japonaise, la très large sélection d'oeuvres proposées, dont la plupart inédites en France, et essentiellement en noir et blanc, permet au visiteur d'apprécier le travail de Shomei Tomatsu l'aîné, et de son cadet Daido Moriyama dont il fut l'inspirateur, dans leur approche commune qui ressort à la photographie documentaire.
Une approche subjective avec notamment des scènes saisies au vol et une pratique de la photographie de rue en rupture tant avec l'académisme du genre qu'avec "l'instant décisif" à la Cartier-Bresson.
Shomei Tomatsu, figure culte et presque tutélaire pour ses homologues générationnels, se positionne comme un inlassable chroniqueur du Japon depuis sa reconstruction après le cataclysme nucléaire avec la croyance en la capacité politique de transformer le monde, voire le réinventer, de la photographie.
A ne pas rater son autoportrait et le portrait des trois autres mousquetaires, tous scénarisés tel celui de Fukase en bucolique Adam chasseur de papillons.
Aux espaces à la chromatique poudrée dédiées à Tomatus, succède des salles aux cimaises bleu nuit plongées dans la quasi obscurité pou rintroduire l'univers de Daido Moriyama.
Si comme son maître, il use des flous, liés au mouvement des personnes par exemple, il ne conserve pas les contrastes naturels au tirage, il mise sur des contrastes violents et l'hypersaturation pour accentuer la brutalité et la violence intrinsèque du sujet (séries "Scandalous", "Death and Disaster") qu'il considère comme suffisants sans y ajouter un message informatif ou politique et bannit toute démarche esthétique conception qu'il véhicule dans la bien nommée revue "Provoke" dont il est un des co-fondateurs en 1968.
Comme Tomatsu, Moriyama va évoluer vers un langage plasticien avec la série "Tights in Shimotakaido" pour "créer une belle image" et les série "Lights and shadow" et "Monochrome".
Il se convertit au numérique et à la couleur et la dernière salle présente son travail récent avec "Pretty woman" en 2016, son magazine-rétrospective "Record" publié par Akio Nagasawa et ses différentes techniques de l'argentique au caisson lumineux en passant par le Polaroid.
En (sa)voir plus sur le site officiel de Daido Moriyama. |