C’est devenu une habitude que de passer quelques heures de lecture en compagnie des éditions Marchialy, une maison d’édition à la ligne éditoriale originale, autour de textes mêlant souvent littérature et enquêtes journalistiques.

C’est ici en compagnie de Manon Gauthier, une jeune auteure née à Paris, férue de faits divers qui s’est spécialisée dans ce domaine quand elle a entamé ses études de journalisme. Aujourd’hui indépendante, elle travaille pour différents journaux et collabore à des projets pour la radio et la télévision. Les pièces manquantes qui vient de sortir il y a quelques semaines est son premier roman.

Manon Gauthier, alors journaliste dans le service "Faits Divers" du Parisien tombe un jour sur un livre de Gary Stewart, un américain d’une quarantaine d’années, adopté enfant, persuadé que son père biologique est le célèbre tueur du Zodiac, un criminel en série ayant sévi en Californie à la fin des années 60. C’est en regardant un documentaire sur ce criminel qu’il reconnaît son père biologique sur un portrait-robot diffusé dans ce documentaire. Il va alors mener son enquête et très rapidement se rendre compte que son hypothèse semble très vraisemblable.

Intriguée, Manon contacte Gary avec lequel elle va entretenir une longue correspondance jusqu’au jour où elle prend conscience que son obsession pour cette histoire de filiation ne serait que le reflet de sa propre quête de vérité, liée à la disparition de son père. L’histoire de Gary Stewart la ramène inéluctablement à la sienne. Un père biologique connu, qui est néanmoins décédé dans des circonstances troublantes, confirmées par un dossier qu’elle va récupérer dans lequel il manque des pièces, d’où le titre de l’ouvrage.

A mesure qu’elle interroge l’auteur, Manon Gautier cherche à comprendre le mécanisme qui peut amener notre esprit à se retrouver convaincu par des éléments que l’on prend pour des vérités, tout en restant très souvent envahi par le doute.

Elle se met de son côté aussi à enquêter sur la disparition de son père, emmenant le lecteur dans une sorte de double enquête, polar double en quelque sorte, très agréable pour le lecteur, particulièrement prenant que cela concerne Gary Stewart ou elle-même. Elle va aller à la rencontre des amis de son père, retourner à l’endroit où il est mort et s’appuyer sur une avocate pour récupérer les fameuses pièces manquantes de son dossier.

La construction de l’ouvrage est particulièrement habile, totalement maîtrisée et addictive. Elle nous interroge sur notre capacité à faire coïncider fantasme et réalités, et les difficultés à briser ce mécanisme.

Enquêter sur la vie des autres nous pousse parfois à fouiller dans la nôtre. Cette maxime illustre parfaitement le cœur de ce livre. Un livre abouti que l’on prend plaisir à lire, particulièrement captivant.