Ça y est, le troisième opus de la saga criminelle de Thomas Mullen qui explore les tensions raciales au début du mouvement des droits civiques est enfin passé entre mes mains. Après le génial Darktown, le génial Temps noirs, voilà Minuit à Atlanta qui vient tout juste de sortir.
Alors que dire de ce troisième opus ? Tout simplement qu’il est génial aussi, je sais, je ne fais pas dans l’originalité mais il faut bien avouer que Thomas Mullen est un immense auteur et que la saga qu’il nous aura proposé sur la ségrégation est remarquable.
L’ouvrage se déroule de nouveau à Atlanta, en 1956, quelques années après les deux tomes qui se déroulaient respectivement en 1948 et 1950. L’agent de police Tommy Smith a démissionné pour rejoindre le principal journal noir de la capitale en tant que reporter. Mais alors que l’Atlanta Daily Times couvre le boycott organisé par Rosa Parks à Montgomery, son directeur est retrouvé mort dans son bureau. FBI, flics racistes, agents Pinkerton : beaucoup de monde semble s’interesser d’un peu trop près à cette affaire.
Pour élucider le meurtre de son patron, Smith va devoir naviguer en eaux troubles, dans le contexte orageux de la chasse aux sorcières et du mouvement des droits civiques.
Une fois encore et c’est ce qui fait la qualité de cet ouvrage, l’auteur mêle intrigue policière et analyse sociale d’une époque, en l’occurrence ici celles concernant les tensions raciales à Atlanta. Ici, on est dans une période de grandes tensions mais aussi de grandes mobilisations de la cause noire autour de Rosa Parks et de Martin Luther King. Ecore une fois, l’auteur nous dépeint avec brio la situation sociale d’Atlanta au cœur autour d’une enquête qui est un peu le miroir de la complexité qui régnait dans cette ville.
Entre les agents véreux du FBI, la justice particulièrement partiale, les flics qui font plus que tutoyer le racisme tout en étant souvent corrompus jusqu’aux bouts des doigts et des mafieux sans scrupule, l’enquête s’avère compliquée.
Et en même temps, l’auteur n’oublie pas de nous parler du communisme qui se développe à l’époque de la chasse aux sorcières qui l’accompagne. Tout cela est vraiment passionnant, bien que je connaisse bien le sujet.
Alors que dire d’autre si ce n’est que l’on peut tout à fait lire et apprécier cet ouvrage sans avoir lu les précédents, même si de mon côté je pense qu’il est quand même mieux de lire cette superbe trilogie, les deux précédents ouvrages existent en poche, chez Rivages et il serait malheureux de s’en priver. Le luxe étant cependant d’avoir les trois en grand format, comme moi, qui doit faire des envieux.
Car au final, l’auteur aura réussi autour des trois tomes à nous raconter une époque, un contexte politique et social autour de la ville d’Atlanta parfaitement maîtrisé avec des enquêtes sur des faits divers différentes, rondement menées. On aura rencontré garce à lui des superbes personnages, qui donnent de la dimension aux ouvrages, symboles d’une société américaine en pleine mutation à l’époque.
C’est au final une admirable fresque sur l’Amérique des années 50 que nous offre Thomas Mullen en mêlant parfaitement histoire et fiction, pour le plus grand plaisir du lecteur. Grande trilogie, chapeau bas Monsieur Mullen et vivement le prochain ouvrage. |