"Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses ; et toute chose en cache une autre. 
– Moi, je n’ai ni désirs, ni peurs, déclara le Khan, et mes rêves sont composés soit par mon esprit soit par le hasard. 
– Les villes aussi se croient l’œuvre de l’esprit ou du hasard, mais ni l’un ni l’autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs. Tu ne jouis pas d’une ville à cause de ses sept ou soixante-dix-sept merveilles, mais de la réponse qu’elle apporte à l’une de tes questions." Italo Calvino, Les villes invisibles.

Pour son troisième album, le compositeur et musicien Olivier Longre s’est inspiré du roman d’Italo Calvino : Les villes invisibles. Au piano, clarinette, harmonica etc. et entouré de Boris Pokora (saxophone soprano / flûte), Laurence Moletta (flûte), Lydiane Chomienne (taconeo), Thùy-Nhi Au Quang (violoncelle), Guillaume Itier (batterie), Benoit Nicolas (contrebasse) et Fabio Viscogliosi (voix), il propose une musique graphique et poétique. Cette impression de déambuler dans des villes qui "n'ont leur place sur aucun atlas, et on ne sait à quel passé ou présent ou futur appartiennent ces cités qui portent toutes le nom d'une femme (...) des villes qui ne peuvent exister qu'en rêve : filiformes, punctiformes, dédoublées, effacées".

Il y a quelque chose de très visuel dans cette musique, dans ces textures. La vision musicale de Longre est comme une musique du réel, c’est lui qui imagine, compose sa musique avant de la faire écouter, tout comme c’est Marco Polo qui discerne la nature de chaque ville, qui les comprend, qui ordonne sont récit pour que Kublai Khan puisse les imaginer.

La musique est (é)mouvante, décentré mais toujours mélodique, sans réelles accroches, pour mieux voyager sûrement...