Au cours des quinze derniers jours, j’ai eu la chance d’avoir entre les mains deux ouvrages d’auteurs que j’aime particulièrement, R.J Ellory et Ryan Gattis.
J’ai découvert Ryan Gattis avec son génial premier roman, intitulé Six jours qui revenaient sur les émeutes de Los Angeles après l’affaire Rodney King.
Je l’ai retrouvé en 2019 avec En lieu sûr, un livre à mon goût un ton en dessous du précédent mais néanmoins plaisant quand même. Et puis le revoilà, venant ensoleiller notre début d’été avec Le système, un ouvrage de nouveau sur la ville de Los Angeles, totalement immersif sur le sujet du système pénal américain.
6 décembre 1993, dans les quartiers sud de Los Angeles, Scrappy, une dealeuse notoire est abattue et laissée pour morte devant la maison de sa mère, sous les yeux d’un toxico, seul témoin du crime. Le lendemain, Wizard et Dreamer, tous deux membres d’un gang, sont arrêtés et jetés en prison en attendant leur procès.
Un problème se pose, l’un est coupable mais pas l’autre qui est innocent. Selon la loi du gang, ils doivent se taire et accepter leur sort. Sauf que selon la justice, il faut que l’un parle pour dénoncer l’autre. Sinon, l’arme du crime retrouvée chez eux, les fera tomber ensemble.
C’est donc l’histoire d’un crime que nous raconte l’ouvrage, des coups de feu jusqu’au verdict. Une histoire racontée par le chœur de ses protagonistes avec le coupable, l’innocent et la victime. C’est une histoire racontée aussi par les familles et les acteurs du système. Ryan Gattis s’attaque au travers de ce roman passionnant au système pénal américain, fait d’injustices, un système à la mécanique particulièrement cruelle qui n’hésite pas à broyer ceux qui tombent entre ses rouages.
Ceux qui connaissent cet auteur et ses ouvrages savent qu’il a l’habitude de construire ses ouvrages sous la forme de roman choral et qu’il maîtrise parfaitement cette technique d’écriture. J’aime particulièrement le roman choral, ce n’est donc pas étonnant que cet ouvrage me plaise. Ici, on se retrouve avec la police et les délinquants, chacun donnant son avis ou son point de vue sur l’affaire.
Ce qui fonctionne bien dans le roman choral, et ici particulièrement, c’est quand le lecteur découvre une scène ou un évènement raconté par différentes personnes. L’idée de nous présenter ce système américain, particulièrement défaillant, au travers de différents regards permet de voir qu’il n’y a point de manichéisme dans ce système. Les lois ne sont pas respectées que l’on se trouve côté police, justice ou délinquance.
L’ouvrage nous montre aussi comment fonctionne un ghetto, comment s’organise un gang à travers ses codes, l’importance du groupe par rapport à l’individualité. On ne peut pas dire que l’auteur soit très tendre avec le système pénal américain et ses institutions. Celui-ci s’apparente à un pouvoir brutal et injuste qui déshumanise les hommes. On est très loin de la critique facile, l’auteur nous apporte des renseignements qui prouvent qu’il a dû effectuer un véritable travail de recherches sur ce sujet.
Une fois encore, Ryan Gattis nous propose un texte immersif et rythmé particulièrement passionnant et engagé, construit sous la forme d’un thriller judiciaire superbement construit. Le système est un excellent ouvrage.