Le Musée Carnavalet et la Fondation Henri Cartier-Bresson proposent une exposition dédiée à l'oeuvre du photographe Henri Cartier-Bresson centrée sur la capitale française dont l'intitulé polysémique "Henri Cartier-Bresson - Revoir Paris fleure la nostalgie.
Revoir peut s'entendre simplement au premier degré comme "voir à nouveau" mais également comme un "au revoir" à des temps révolus.
D'autant que les commissaires scientifiques Anne de Mondenard, conservatrice en chef au Musée Carnavalet, Agnès Sire, directrice artistique, et Aude Raimbault, conservatrice des collections à la Fondation Henri Cartier-Bresson, ont opté pour un parcours chronologique s'achevant en 1968.
Scénographié par Alexis Patras, qui mise sur des cimaises à claire-voie pour dynamiser la relative étroitesse de l'espace muséal tout en ménageant un point de fuite, la déambulation est scandée par de nombreux tirages originaux dont une trentaine d'inédits, des publications ainsi que d'enregistrements audiovisuels.
Henri Cartier-Bresson, un homme dans la ville
Les commissaires le qualifie de "flâneur entre deux rives" et "artiste libre qui cultive les contraires : le reportage et l’image isolée, Paris et le reste du monde, la photographie et le dessin, l’engagement mais sans parti, la commande et son propre rythme". Tout est dit et confirmé par la visite.
Une visite qui commence avec quelques éléments mémoriels, comme l'appareil Leica et le "First album" des années 1929-1931
Cartier-Bresson, dont la référence tutélaire est Eugène Atget et la photographie documentaire, sillonne la capitale, les quais de Seine, ses beaux quartiers, avec la série "Rue Royale" mais aussi ses quartiers populaires avec leurs habitants et leurs travailleurs, des forts des Halles aux plâtriers du Quai de Javel.
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Et il s'aventure en périphérie dans la petite couronne pour saisir tant les moments heureux, comme ceux passés dans les guinguettes de Joinville-le-pont, que le quotidien des miséreux dans le bidonville de Nanterre.
Cartier-Bresson fait des incursions dans le photojournalisme engagé en couvrant les grands événements d’actualité comme la Libération de Paris, les Six jours de Paris au Vélodrome d'hiver en 1957 et les manifestations des années 1960.
La visite n'est pas exempte de découverte pour le non exégète de Cartier-Bresson avec les portraits de figures des années d'après guerre, écrivains et artistes, tels, et entre autres, Jean-Paul Sartre, Irène et Frédéric Joliot-Curie, Louis Aragon, Christian Dior et Albert Camus, présentés en regard de l'album monographique "Images à la sauvette" avec une couverture originale de Matisse publié en 1952 et regroupant les photographies des vingt premières années de sa carrière.
Il y twiste le caractère nécessairement posé inhérent au genre du portrait en procédant à une scénarisation, notamment en scène de rue, Ce qui initie une réflexion critique sur sa doxa, la prise d'images sur le vif, qui a été institutionnalisé sous les termes "instant décisif".
A voir en résonance avec l'exposition "Eugène Aget - Voir Paris" proposée par les mêmes commissaires à la Fondation Henri Cartier-Bresson et poursuivre avec l'exposition concomitante "Henri Cartier-Bresson - Le Grand Jeu" à la Bibliothèque nationale de France.
Par ailleurs, l'année 2021 est celle de la réouverture du Musée Carnavalet après sa rénovation ce qui incite à la visite en accès gratuit de ses collections permanentes relatant l'Histoire de Paris depuis ses origines. |