Terry Moore, scénariste et illustrateur de comics américain déjà célèbre depuis 1993 pour sa série Stangers in Paradise publiée en France de 1999 à 2013, signe à partir de 2011 (2014 en France), une nouvelle saga du nom de Rachel Rising récompensée par deux Harvey Awards dont celui du meilleur auteur en 2015.

En 2021, les Editions Delcourt republient l’histoire de Rachel Rising en deux intégrales remettant l’œuvre de Moore sur le devant de la scène.

Rachel devrait être morte. Elle se réveille, boueuse, la marque d’une corde qui l’a étranglée quelques heures plus tôt imprimée dans la chair de son cou, un goût de terre persistant en bouche. Elle devrait être morte et pourtant, elle a tout l’air d’être bien vivante. Alors qu’une menace paraît planer au-dessus de la petite ville de Manson, Rachel va tenter de découvrir ce qui lui est arrivé. Qui l’a assassinée et pourquoi ? Mais surtout pour quelle obscure raison se réveille-t-elle toujours de la mort ?

Avec un trait fin, un noir et blanc tout en contrastes et un graphisme net et précis donnant vie à des planches remarquables, Terry Moore livre un comics mêlant habilement les codes de l’horreur et ceux de la dark fantasy avec une pointe d’humour, le tout suffisamment bien dosé pour donner du rythme au récit. Entre les histoires de chasse aux sorcières en toile de fond et le Mal qui rôde, l’ambiance du comics n’est pas sans m’évoquer une drôle de rencontre entre un genre d’esthétique à la Buffy contre les Vampires (Joss Whedon), le cynisme piquant de Dead Like Me (Bryan Fuller), et le génial duo formé par Neil Gaiman et Terry Pratchett pour De Bons Présages.

Malgré des thématiques horrifiques et quelques scènes violentes ou glauques, l’immense point fort de Rachel Rising tient pour moi dans l’écriture. Le récit est ponctué de joutes verbales acerbes particulièrement bien écrites qui m’ont souvent arraché des rires francs et spontanés, les dialogues sont rythmés, s’enchaînent avec fluidité et intelligence et apportent parfois un vent de légèreté appréciable pour équilibrer l’histoire parfois très sombre.

Bien que j’ai pu trouver que les quelques premiers chapitres avaient tendance à faire du surplace, une fois ce cap passé et l’intrigue en marche, le comics est impossible à lâcher. Les rééditions en intégrales de Rachel Rising, bien que terriblement volumineuses pour des comics, sont d’autant plus intéressantes à mes yeux puisque je ne suis pas certaine que je me serais engagée dans une saga aussi longue passé le premier tome si j’avais dû attendre la sortie de chaque chapitre individuellement, pourtant je serais clairement passée à côté d’un énorme coup de cœur et il aurait été plus que dommage de s’en priver.

En quelques mois, Rachel Rising s’est vite hissé sur le podium de mes comics préférés de ces derniers mois, voire des dernières années. Terry Moore est incontestablement un auteur de talent tant pour son écriture que pour ses illustrations dont les multiples prix sont amplement justifiés et j’ai bien l’intention de continuer à découvrir son œuvre.