Comédie librement inspirée d'une oeuvre d'Anton Tchekhov, adaptation et mise en scène de Latitia Gonzalbes, avec Roxane Le Texier et et Anaïs Yazit.
Les variations contemporaines des "Trois soeurs" du dramaturge russe Anton Tchekhov, sont nombreuses mais aucune n'a retenu l'approche de Laetitia Gonzalbes qui s'est déjà illustrée avec "Anna Karénine" 21213, une adaptation libre du roman de Léon Tolstoï, et et la fantaisie biographique "Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde".
En effet, elle procède au télescopage de cet opus emblématique avec la vie fictionnalisée des soeurs Tatin créditées de la "paternité" de la fameuse tarte portant leur patronyme, pour créer une comédie douce-amère placée sous le signe de la réputée mélancolie slave avec une affiche à la fraîcheur surranée d'une couverture de livre de recettes vintage et, à l'avenant le décor ordonné autour d'un fourneau faiencé et d'un fauteuil à bascule.
Et ce avec une partition en forme de duo et en mode flash-back, l'exorde de la pièce de Tchekhov, le premier anniversaire de la mort du père des trois soeurs étant transposée à la mort de l'une des soeurs qui, au soir de sa vie, se remémore leur vie partagée dans l'hôtel solognot hérité de leurs parents et comme, pour leurs homologues générationnelles russes, leur départ rêvé mais avorté pour la capitale.
Laetitia Gonzalbes a opté pour une mise en scène allègre, instillée de quelques intermèdes avec des chansons ressortant à la nostalgie d'un autre siècle et d'inserts cinétiques de scènes de groupe filmées par Mathilde Sereys, qui n'exclut pas les scènes d'émotion dans une efficace composition de légèreté et de gravité.
Pour dispenser, à l'aune d'une grande tendresse sororale, les petites rivalités, inévitables chamailleries et les méditations philosophiques sur l'éphémérité et le sens de la vie, entre l'aînée frivole et dissipée et la cadette sérieuse et travailleuse qui ambitionne de devenir une cusinière réputée, la distibution s'avère judicieuse.
Et l'interprétation émérite avec respectivement, Roxane Le Texier, grâcieuse et pétillante, et Anaïs Yazit, mutine et pétulante, toutes deux officiant avec talent dans une roborative synergie. |