Comédie dramatique de Claude Cohen, adaptation et mise en scène de Yvon Martin, avec Bruno Paviot et Marc Brunet.
Avec "Coeur ouvert" et une situation fictive entre deux personnes ayant existé, l'auteur dramatique mais également médecin anesthésiste-réanimateur, Claude Cohen, aborde une réflexion idéologique, philosophique, éthique dans le registre du théâtre dit "de conversation" reposant sur la confrontation d'opinions divergentes, se singularise en se dotant d'une circonstance particulière, celle du lien familial, et d'un conflit persistant lié à la relation père/fils qui exacerbe le contexte de crispation et de passionalisation tout en conduisant à un épilogue "good-feeling".
En l'occurrence, alors qu'il se prépare à une nouvelle transplantation cardiaque après la mort du premier opéré, et avec toutes les tensions et le besoin de concentration que cela suppose et face aux critiques virulentes, le chirurgien Christiaan Barnard reçoit une visite aussi inattendue qu'intempestive.
Celle d'Adam Barnard, son père, pasteur rigoriste, qui, sous un fallacieux prétexte, vient le sermonner pour oser défier Dieu en décidant de repousser les limites naturelles de la vie et de la mort.
A l'adaptation et à la mise en scène énergique, Yvon Martin porte l'affrontement à son acmé le debat nature/culture entre le rationnel et le symbolique, le coeur muscle à usage de pompe érigé en siège symbolique des sentiments.
Au jeu, dans un décor de bureau encombré conçu par Citronelle Dufay, les deux interprètes s'avèrent efficaces pour signifier l'antagonisme parfois viscéral des protagonistes.
Marc Brunet campe parfaitement le réactionnaire opposé au progrès et roué ministre de Dieu qui ne cesse d'invoquer le Seigneur en le mettant à toutes les sauces, même les plus trivialement personnelles, et dont l'argumentation qui repose sur les préceptes bibliques s'accompagne d'une entreprise de déstabilisation et de dévalorisation d'un fils qui ose défier tant ses croyances et que son omnipuissance paternelle.
Dans le rôle du chirurgien imbu de ses compétences et non exempt de vanité, Bruno Paviot négocie adéquatement la dualité entre le scientifique et sa vision de "l'homme nouveau en marche", et l'homme taraudé par une histoire intime douloureuse ainsi qu'entre ses convictions et les doutes légitimes qui accompagnent toute démarche pionnière. |