Spectacle de théâtre musical d'après un opus d'Arthur Schnitzler, livret de Tom Jones, musique de Jacques Offenbachet mise en scène de Hervé Lewandowski, avec Gaétan Borg, Mélodie Molinaro, Yann Sebile, Guillaume Sorel et le pianiste Sébastien Ménard (en alternance Jonathan Goyvaertz).
C'est un maître de cérémonie (Yann Sebile, parfait) qui accueille le public en haut de forme pour évoquer la vie mouvementée d'Anatole. Ce narrateur n'est autre que Max, son meilleur ami, qui l'a vu évoluer à Vienne tout au long du 20ème siècle. Au fil des époques, des changements de moeurs et de mode vestimentaire, toute la vie amoureuse d'Anatole défile devant les yeux des spectateurs. Les cinq parties s'enchaînent et avec elles un pétillement de tous les instants. Hervé Lewandowski, avec l'adaptation brillante de Stéphane Laporte, a su trouver le ton juste pour mêler Arthur Schnitzler et Jacques Offenbach sans dénaturer ni l'un ni l'autre. Le résultat est une comédie dramatique enlevée que l'on suit avec grand plaisir. L'ensemble, d'une élégance achevée, est mis en valeur grâce à une scénographie ingénieuse de Natacha Markoff tournante comme les époques qui passent et par les très beaux costumes de Julia Allègre. Les comédiens, emmenés par Gaëtan Borg remarquable dans le rôle d'Anatole sont parfaits et chantent admirablement le livret bien ficelé de Tom Jones, accompagnés au piano par Sébastien Ménard qui assure également la direction musicale (ou par Jonathan Goyvaertz). Mélodie Molinaro, explosive, ne manque pas de caractère et propose des personnages bien différents, cocasses ou touchants. Guillaume Sorel est hilarant dans tous les seconds rôles. Tous sont vraiment épatants et dispensent avec "Le jeu d'Anatole"
un spectacle enthousiasmant où, au fil des conquêtes et désillusions d'Anatole, se joue une belle réflexion mélancolique sur l'amour et sur la fin d'un monde. |