Réalisé par Ismaël El Iraki. France/Maroc/ Belgique. Drame/Romance. 2h (Sortie 3 novembre 2021). Avec Khansa Batma, Ahmed Hammoud, Saïd Bey, Abderrahmane Oubihem et Fatima Attif.
À 36 ans, Ismaël El Iraki réalise son premier film. Apparemment, voilà un fait banal et c'est même tardif pour un réalisateur quand on pense à Antoine Desrosières ou Xavier Dolan.
Oui,mais.. Ismaël est un survivant du Bataclan et son film bougrement rock'n'roll est un pied de nez à ceux qui pensaient qu'après avoir vécu ça, il fallait de longues années de résilience.
Ismaël El Iraki n'est pas un résilient : c'est un résistant. Un vivace, un coriace. Comme Larsen, son personnage de rocker déchu qui sombre depuis des années dans l'alcool et le manque d'inspiration.
Un personnage haut-en-couleur passé de mode, mais resté légendaire pour ses tenues en peau de serpent dont il traîne encore une veste vestige de sa gloire et qu'il est prêt à céder pour de l'alcool ou de la fumée.
Il faut dire que le Maroc est terre de rock et que la bande-son formidable du film le rappelle. Outre les compositions contemporaines inspirées de ces années 70 d'Alexandre Tartière, on y entendra Les Variations et Fadoul et les Privilèges, précurseurs franco-marocains du hard-rock.
Disciple avoué de Sergio Leone, Ismaël El Iraki rejoint Quentin Tarantino dans ce primat à la B.O. On pourrait aussi le rapprocher de Robert Rodriguez car "Burning Casablanca" a un côté "El Mariachi" ou "Desperado". Question musique, on y verra même "live" le légendaire groupe allemand "Kadavar" dont la présence à Casablanca va contribuer à relancer la carrière de Larsen.
Pour l'heure, quand débute "Burning Casablanca" d'Ismaël El Iraki, Larsen va tomber dans une histoire tarantinesque dont l'enjeu sera Rajae, une prostituée casablancaise qui transforme tous les hommes en loups de Tex Avery.
Rajae, c'est Khansa Batma, une rock star marocaine qui en est ici à ses premiers pas cinématographiques et qui, sans nul doute, n'en restera pas là et devrait taper dans l'oeil de plus d'un réalisateur français ou américain.
Si l'on ajoute que le metteur en scène a osé le parti-pris du décor pour magnifier Casablanca, tout en filmant hors la ville de sublimes paysages, on peut affirmer qu'il s'inscrit vraiment dans la lignée maniérée de Leone et de Tarantino.
"Burning Casablanca" d'Ismaël El Iraki est une divine surprise, un des seuls films réjouissants sortis depuis l'ère du passe sanitaire dans les salles. Il est nettement plus divertissant que le énième épisode de James Bond et Ahmed Hammoud, lui aussi promis à un grand avenir, a mille fois plus de charisme que Daniel Craig.
Deux heures bourrées d'énergie, de musique, d'humour et d'action... Sans compter une belle histoire d'amour. Que demander de plus ? |