Si vous cherchez une auteure un brin déjanté qui possède une audace folle et un talent d’écriture, ce livre est fait pour vous. J’ai découvert Jeanette Winterson il y a deux ans avec La faille du temps, un ouvrage d’une très grande originalité qui nous proposait une libre adaptation du conte d’hiver de William Shakespeare. J’avais donc hâte d’avoir entre les mains un nouvel ouvrage de cette auteure anglaise.
Et FranKISSstein est arrivé, et rien que le titre, et la façon de l’écrire dévoila déjà un ouvrage qui fleure bon l’originalité. Et la lecture de l’ouvrage n’a fait que confirmer mes premières impressions, Jeanette Winterson fait bien partie de ces auteures talentueuses qui cherche à construire un œuvre littéraire unique de qualité.
L’histoire se déroule en 1816 à Genève. Dans un territoire perdu entre rêve et réalité, au bord d’un lac rendu invisible par une pluie sans fin, Mary Shelley, jeune romancière, fait germer une histoire : celle d’une vie et de son créateur. Alors qu’elle subit plusieurs fausses couches, puis assiste à la mort de son jeune enfant, la jeune écrivaine est vite possédée par cette histoire qui la hante, celle d’un homme qui voulait en finir avec la mort.
En Grande-Bretagne, au lendemain du Brexit, Ry Shelley, un chirurgien transgenre qui se présente comme un être hybride, fournit des membres amputés à Victor Stein pour un projet d’intelligence artificielle. En même temps, Ron Lord, un goujat vivant chez sa mère, crée des robots sexuels pour répondre aux pulsions masculines avec l’ambition de rendre le monde meilleur.
Vous l’avez compris ? C’est une sorte de jeu de miroirs entre deux époques que nous propose l’auteure qui tourne autour de Frankenstein et de l’intelligence artificielle, une question au cœur de notre actualité.
Le début de l’ouvrage débute donc en 1816, où l’on suit Mary Shelley imaginant les prémisses de Frankenstein. Arrivent ensuite dans le chapitre suivant Ry Shelley et Victor Stein qui ont pour ambition de repousser les limites biologiques des êtres humains grâce à l’IA. Deux siècles séparent les deux époques mais les préoccupations des personnages se font echo.
C’est un ouvrage d’une grande intelligence que nous propose l’auteure, qui pose beaucoup de questions sur l’intelligence, sur la complexité de l’être humain, sur les différences et le genre, sur les avancées scientifiques et technologiques et aussi sur la construction d’une œuvre littéraire. Traité avec beaucoup de sérieux, l’auteure ne s’empêche pas quelques moments d’humour dans les dialogues entre les personnages. Ce qui est d’ailleurs plutôt bienvenu car la lecture reste quand même relativement dense sans être complexe.
Si vous cherchez un ouvrage original et audacieux et si vous ne connaissez pas encore Jeanette Winterson, il est grand temps de rattraper votre retard avec cet ouvrage bien surprenant. |