C’est en Corée que nous emmènent les éditions La Croisée, habituées à nous faire voyager au gré de leurs publications qui nous font souvent découvrir de nouveaux auteurs. Ici, c’est une jeune auteure coréenne, auteur de déjà trois romans et de plusieurs recueils de nouvelles qui nous propose son premier ouvrage traduit en français, Les touristes du désastre.

C’est un sujet original dont traite ce roman, à savoir le tourisme qui porte autour de l’exploitation de désastre, ici écologique. Je connaissais ce tourisme du désastre mais plutôt celui qui portait autour du désastre économique car j’ai lu beaucoup d’articles autour de la ville de Detroit qui a connu une très forte récession économique emmenant la ville jusqu’à la faillite, laissant d’énormes friches industrielles que des touristes venaient visiter en masse avec l’aide de tours opérateurs.

Ici, c’est un ouvrage critique face à l’hypocrisie du tourisme de masse qui nous est proposé, un ouvrage autour de l’exploitation des désastres écologiques. Le personnage principal de l’ouvrage est une certaine Yona, qui travaille chez Jungle, une agence de voyages coréenne spécialisée dans le tourisme macabre, dit "tourisme noir". Elle conçoit des circuits touristiques dans des destinations marquées par la mort et les désastres écologiques. Harcelée par son chef, Yona veut quitter l’entreprise. Mais Jungle l’envoie pour une dernière mission sur l’île de Mui, lieu ravagé où subsiste une étrange population.

Les touristes du désastre est un livre court, moins de 200 pages que j’ai lu d’une traite qui possède de nombreuses qualités. Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé sa manière de critiquer ce tourisme de masse autour des catastrophes écologiques en montrant les caprices et l’indécence des clients qui tentent de ressentir le danger pour leur propre plaisir tout en exprimant une (fausse) pitié à l’égard des victimes. Et puis il y aussi l’enrichissement des tours opérateurs sur la misère et la détresse des gens qui est scandaleusement raconté.

J’ai aussi beaucoup aimé l’histoire de Yona et le malaise qui s’installe au fil des pages, qui monte crescendo autour de l’île de Mui, de sa dernière mission et de ce qu’elle va découvrir au départ puis ensuite lorsqu’elle y retourne. La manipulation dans laquelle se retrouve engagée Yona, qui se retrouve même au premier plan nous embarque dans un suspense prenant jusqu’à la fin de l’ouvrage. Le livre est très bien construit et la fin est évidemment à la hauteur de l’histoire.

Les touristes du désastre est au final une belle découverte, un livre très sympa avec lequel j’ai passé un agréable moment de lecture. C’est enfin un livre qui a le mérite de nous faire réfléchir sur la nature, sur le tourisme de masse et sur les choix qu’on fait dans la vie.