Comédie dramatique de Jean-Christophe Dollé, mise en scène de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgiève, avec Jean-Christophe Dollé, Julien Derivaz et Clotilde Morgiève.
Le 27 mars 2002, Richard Durn assistait au conseil municipal de Nanterre et à la fin de la séance, ouvrait le feu sur les élus présents, en tuant 8 et en blessant 19 autres. Il se défenestrait le lendemain depuis le balcon du bureau du 36 quai des orfèvres, lors de sa garde à vue.
Jean-Christophe Dollé s?est emparé de ce fait divers marquant, pour créer un spectacle remarquable aussi documentaire que poétique sur les mécanismes de la violence et interrogeant sur les raisons favorisant le passage à l?acte.
A la façon d?experts de série américaine, avec deux comédiens, son épouse et complice Clotilde Morgiève et le nouveau venu, Julien Derivaz, ils proposent un spectacle aussi étonnant qu?intelligent avec la finesse qui les caractérisent et qui est devenu leur marque de fabrique avec leur compagnie, le f.o.u.i.c..
Dans la lignée de "Blue.fr" ou "Abilifaïe Léponaix", "Je vole? Et le reste je le dirai aux ombres" s?intéresse une nouvelle fois aux failles de l?humain et offre une intrigue foisonnante aux surprises multiples liées par une mise en scène d?une rare fluidité.
Entre enquête policière, thriller et film d?action, la pièce replace le geste de Richard Durn dans son contexte, recréant l?ambiance de l?époque (et de l?enfance de Richard), mène le spectateur à travers un vaste jeu de piste sur les traces de cet homme, pour en explorer les zones d?ombres et les motivations.
Remontant à l?enfance de Durn, l?absence de son père, son emploi plus tard de surveillant dans un lycée, les comédiens reconstituent son parcours, en le rejouant. Une bande son adéquate et la musique formidable de Jean-Christophe Dollé et du Collectif N.O.E nous plongent dans une angoissante ambiance entre David Lynch et Joël Pommerat.
Au second plan, une pièce vitrée aux nombreux costumes et perruques sert de loge visible aux comédiens pour leurs multiples travestissements et leur voyage dans la mémoire de Richard D. Qu?ils incarnent sa mère ou une rescapée bosniaque (merveilleuse Clotilde Morgiève), son professeur de théâtre ou un jeune lycéen (formidable Julien Derivaz), ils sont toujours crédibles et maintiennent la tension omniprésente.
Jean-Christophe Dollé s?est adjoint (avec Clotilde Morgiève à la mise en scène) l?aide d?un magicien (Arthur Chavaudret) pour accroître l?ambiance fantastique du spectacle mais fait jaillir aussi l?extraordinaire par la grâce d?un monologue flamboyant (l?homme du banc) ou d?une chanson de Julien Clerc.
Nous cherchons avec les protagonistes ce qui a pu faire dérailler Richard et le rôle des médias, de ses frustrations amoureuses ou professionnelles. La réponse poétique en forme de patchwork ne nous donne pas de réponse mais nous permet de nous interroger sur celles que la société ne lui a pas données.
Une déflagration implacable et un travail magistralement maîtrisé |