Voilà encore un bien bel ouvrage que nous propose les éditions Passés Composés avec cet ouvrage qui s’interroge sur le devenir des grands sites inscrits au patrimoine mondial. L’ouvrage nous parle de sites qui sont menacés d’une destruction pure et simple pour différentes raisons.
Il nous dévoile sept plaies, sept menaces qui touchent ces sites qui sont au final autant de chapitres dans l’ouvrage. Les destructions massives sont évoquées, nous précisant qu’elles ne sont pas seulement l’action de fous de Dieu. On pense alors aux Talibans en Aghanistan et à Daesh à Palmyre, mais aussi à la guerre en Syrie pour la pauvre ville d’Alep qui a bien souffert. Ces destructions massives le sont aussi pour des raisons économiques, l’ouvrage nous donne l’exemple Hasankeyf en Turquie, touché et englouti à cause de la construction d’un barrage gigantesque sur le Tigre. L’ouvrage nous donne aussi d’autres exemples en Amérique du Sud où l’on détruit des sites pour faire des parcelles agricoles.
Le pillage est la deuxième plaie, elle repose souvent sur les fouilles clandestines, motivées par des raisons financières. Après la drogue et les armes, les antiquités, les vestiges représentent la troisième source de revenus illégaux dans le monde. Les musées hésitent de plus en plus à investir dans ces vestiges, ne sachant pas toujours leur provenance. Daesh, à Palmyre, n’a pas fait que détruire, ils se sont beaucoup enrichis avec le trafic d’œuvre d’art.
L’urbanisation est la troisième plaie, le meilleur exemple est celui du Caire et du site des pyramides. L’ouvrage nous montre comment la croissance du Caire en Egypte a vu la ville se rapprocher du site de Gizeh. D’autres exemples sont nombreux, présents et documentés dans le livre, dont le Machu Picchu, menacé par la construction d’un aéroport à proximité.
Le tourisme de masse est aussi une grosse plaie pour les sites menacés. On pense évidemment à Pompéi, à Venise mais aussi à Angkor, objet un très bon chapitre éclairant sur les absurdités touristiques.
J’ai particulièrement aimé la partie concernant les restaurations abusives, notamment au travers de l’utilisation faites des sites pour promouvoir le tourisme. Un excellent chapitre est consacré à Boukhara en Ouzbékistan, ville des milles et une nuit sur la route de la soie, ville d’Aladin et de la princesse Badroulboudour, rebaptisée Jasmine par les studios Disney. L’ouvrage nous montre la reconstruction du site à la demande du président ouzbeck, sans tenir compte des préconisations de l’Unesco.
La sixième plaie concerne les négligences qui sont au final l’effet inverse des restaurations abusives. Elle touche des sites qui manque d’argent pour leur conservation ou leur restauration. C’est le cas de la citadelle du roi Christophe à Haïti, pays en très grande difficultés financières qui a d’autres préoccupations. D’autres exemples nous sont proposés dans l’ouvrage, en Tunisie, en Inde mais aussi en Amérique du Sud avec un superbe chapitre sur les lignes de Nazca au Pérou.
L’ouvrage se termine sur une dernière partie sur les changements climatiques qui menacent particulièrement les sites en position littorale. Il porte surtout sur le problème de l’élévation du niveau de la mer.
L’ouvrage est excellent, passionnant, de très belle qualité avec un superbe papier et on y trouve de très nombreuses photographies qui illustrent parfaitement les textes. Il donne une terrible envie de voyager pour aller visiter tous ces lieux aussi beaux les uns que les autres mais il nous montre aussi les dangers qui reposent sur ces lieux incroyables qui méritent que l’on en prenne le plus grand soin. |