Etonnement, beaucoup plus de jeunes ce soir là, et plus de monde aussi. Moi je pigeais pas pourquoi, jusqu'a ce que l'on me fasse remarquer que Mathias Malzieu n'était autre que le Mathias de Dionysos... alors forcément tout s'éclaire.
Et ça pour être lui c'était bien lui, petit diable à ressort, à peine sur scène qu'il était déjà debout sur sa chaise. Pas de doute sur son identité. Accompagné du dessinateur de leur pochette (Joan Sfar) et du beau frère de celui-ci, il fait lever le public en moins de deux et l'invite a venir devant la scène.
Ce qu'ils jouent ils ne l'ont pas spécialement répéter. Alors ils reprennent deux morceaux de Dionysos, le morceau phare du film "Rio Bravo", de Johnny Cash, le tout avec un banjo, un ukulélé, une guitare douze cordes et un harmonica.
L'ambiance fait très colo de vacances, truc entre potes juste là pour rire un bon coup. Ca pour rire on a ri : entre les vannes de Mathias et le slam final de Joann Sfar, on se serait cru au café-théâtre.
Alors que dire? Pas franchement mirobolant, le concert était sympa, juste sympa. Les fans de Dionysos était bien sur ravis de voir Mathias sur une petite scène, quand aux autres, ils ont passé un moment plaisant.
Mais tout a changé avec les Black Diamond Heavies.
L'heure n'était plus à la blague. En seulement deux notes on savait qu'allait se dérouler un putain de concert.
Le tout se présentait à peu près comme ceci : juste un clavier et une batterie.
Derrière le clavier, une sorte de Lemmy Kilminster anorexique, véritable rock-star aux ray-bans semi transparentes.
La batterie entame un tempo d'enfer alors qu'une ligne de basse rentre en piste dans un groove total. Une sonorité franchement sixtie's qui rend cette musique franche et directe.
Les chansons sont du Rythm and Blues poussé par l'incroyable voix du chanteur (je vous dis, celle de Lemmy).
Cette voix, intransigeante, autoritaire, un grand malade qui a des airs de Kim Fowley (compositeur entre autres de "Born To Be Wild"). Le tout avec le côté très pervers du type qui se touche sous le piano. Voila la vrai claque qui donnera le vrai coup d'envoi de la soirée.
Même s'ils se sont mangés les dents sur un slow que même Scorpions n'aurait pas osé, la dernière chanson aura pour thème "About to fuck".
Il faut tout de même signaler qu'ils leur manquaient leur guitariste, événement important car le groupe au complet sonne beaucoup moins original.
Tant pis, il fallait être là à ce concert !
Le miracle a continué. Scott H.Biram.
Imaginez le plus gros beauf américain, coiffé d'une casquette de milicien et vous avez le personnage.
Alors maintenant si vous lui mettez entre les mains une guitare au son crade au possible, un harmonica et un tambourin sous le pied, vous avez un monstre sur scène.
Sa musique était un blues très gras, passant du hillbilly à des accents limite Black Metal. Le type a la bouche pleine de bière, de Mother Fucker, Asshole et Pussy. Sa voix d'ailleurs, hallucinante dans le style rocailleux, crache toute la vérité sur l'Amérique d'aujourd'hui.
Ici il n'est pas question des paillettes et de dorures, on parle de gala de monster truck, de beauferie, de fermeture d'esprit et d'autoroute en ligne droite.
Un putain de sudiste, tellement jouissif dans sa puissance. C'est ici la fin du rêve américain, c'est le début du règne de H.Biram. Ce mec a l'intelligence de la grossièreté, celui qui raconte la vérité et qui ne mâche pas ses mots.
Ajoutez à tout cela un superbe morceau simplement joué à l'harmonica et avec de grands coups sur le micro.
Un seul adjectif s'impose: DEMENT.
Tout rêve ayant une fin, la fin s'appelle Kenny Brown.
Son groupe est génial, super look, attitude de boxeur et tout le tralala. Mais lui... c'est papy qui fait ses gammes.
A coté de lui, Bob Dylan a des airs de Johnny Rotten. Kenny Brown, tête d'affiche soporifique, grand guitariste dans le style Marc Knofler, soit dans le style super chiant.
Avec son physique de Chuck Noris, ce concert ressemblait a une séance de téléachat pour une vente de guitare. Démonstration de supermarché, sa musique avais autant d'âme qu'un poulpe mort la veille de Noël... ça sentait le sapin quoi.
Même sa reprise de "Death Letter" ne marchait pas. Quand les White Stripes n'ont que 28 ans et l'ont fait magnifiquement bien, lui nous emmerde sec.
Alors que faire? Faire comme la moitié du public: se barrer!!
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