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Interview  novembre 2021

The Kindred Circle est un duo franco-russe.

"La musique n’a pas de frontières, c’est une apatride". Cette citation de la chanteuse Camille va bien au duo The Kindred Circle composé d’une chanteuse russe et d’un guitariste français. Ensemble ils font une musique, que nous qualifierons faute de mieux, globalement de metal. Globalement parce que leur univers marqué et affirmé se nourrit de leurs diverses influences et des esthétiques dans lesquelles ils évoluent (allant de la musique "classique" au metal...). Deux titres seulement pour le moment mais déjà un sens musical prononcé, intelligible, à découvrir assurément. Le plus simple pour en savoir plus est de leur poser quelques questions !

Pouvez-vous vous présenter tous les deux ?

Anastasia : Je m’appelle Anastasia, mais mon nom de scène est Gabriel Wagner. Je suis russe et je fais de la musique depuis longtemps. J’ai un groupe de metal en Russie qui existe depuis quinze ans. J’ai un home studio, j’enseigne le chant, le piano et j’essaie d’écrire autant de musique que possible. Je suis musicienne.

Geoffrey : Je m’appelle Geoffrey, et je suis professeur de guitare classique au CRD de Saint-Nazaire, mais je suis Lorrain de naissance, de cœur et d’âme. J’y vis toujours ! Comme Anastasia, j’ai mon home studio et tout comme elle d’ailleurs, la musique est dans ma vie depuis des temps immémoriaux. Entre mes cours, concerts, enregistrements et mes activités de chercheur, je pratique la musique de manière "versatile", oserais-je écrire. Et j’adore ça !

Deux musiciens, deux pays différents... Comment est né le projet The Kindred Circle ?

Anastasia : Je crois que c’était une décision spontanée, mais très bonne, je suis très fière de ce projet et de ce que nous faisons. Pour être honnête, je ne me souviens pas exactement à quel moment nous avons décidé de faire quelque chose ensemble, mais il me semble qu’une des principales raisons était la pandémie et le confinement mondial. Je considère que faire de l’art dans une telle période est la meilleure solution. Nous nous sommes rencontrés sur internet et nous avons immédiatement communiqué comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Geoffrey travaille avec Cubase depuis des années, j’ai moi-même travaillé avec Cubase pendant très longtemps, c’était un très bon sujet pour une première conversation !

Geoffrey : Anastasia a bien résumé la naissance de ce projet. Et le hasard fait bien les choses (mais… est-ce que le hasard existe-t-il vraiment ?). Quoi qu’il en soit, alors que le monde entier était confiné, il était d’une nécessité vitale de continuer à faire de la musique, quoi qu’il en coûte. Je me souviens en effet que les développeurs de Cubase (Steinberg) avaient proposé aux utilisateurs du logiciel d’envoyer une photo de leur propre home studio et que les plus "beaux" de ces derniers seraient partagés sur la page Instagram de Steinberg. J’avais trouvé le concept amusant, alors j’ai pris une photo de mon studio. Je leur avais envoyée et à ma grande surprise, elle avait été partagée ! Anastasia l’avait vue, étant également abonnée au compte de Steinberg sur Instagram.

C’est comme ça que nous sommes entrés en contact. Et elle le dit elle-même : le courant est immédiatement passé. C’est comme si nous nous étions toujours connus. Nous communiquons exclusivement en anglais, moi ne parlant pas russe et elle, ne parlant pas français. Étant compositrice et aimant beaucoup ce qu’elle fait avec The Sundial mais également son projet solo Hangarah, je lui ai proposé qu’on travaille ensemble et comme tu le vois, elle a accepté. Et je ne saurai jamais assez la remercier pour ça.

Vous pouvez expliquer votre nom ?

Anastasia : Beaucoup de facteurs sont en cause. Comme artistes, comme musiciens, nous nous sommes trouvés des similitudes en travaillant ensemble depuis un an, et nous n’avons jamais eu le moindre désaccord. Que ce soit sur le fond de la musique, ou en termes de vision des choses. Quelquefois nous pouvons philosopher mais c’est tout à fait normal. Il y a aussi un autre point intéressant dont peu de gens connaissent l’existence et c’est très personnel. Nous avons chacun une valve cardiaque artificielle. Très honnêtement, c’est une occurrence très rare. C’est très difficile de rencontrer une personne porteuse de valve artificielle. Connaître une personne qui porte à la fois une valve, qui est musicienne et avec qui l’on peut travailler et aussi bien communiquer, est une chance généralement proche de zéro. Quand nous avons commencé à faire le second morceau de notre projet, Geoffrey a suggéré que nous donnions un nom au groupe, car il n’en avait pas. Nous avons joint nos forces, ajouté toutes les similitudes et avons trouvé ce nom.

Geoffrey : Je crois qu’Anastasia et moi sommes semblables sur bien des aspects dans les goûts, l’esprit, le travail, l’exigence, et au risque de faire des réponses faciles, dans notre amour immodéré de la musique. Ça peut sembler terre à terre, mais il me semblerait impossible de toute façon de soutenir un tel projet autrement. Nous sommes semblables mais aussi complémentaires : elle est compositrice, moi je suis plutôt arrangeur. Donc la formule marche parfaitement. Ça c’est sur le plan artistique et professionnel. Et il y a le plan personnel, où elle explique parfaitement la situation : nous sommes tous les deux transhumains, en quelques sortes ! En effet, nous sommes porteurs l’un et l’autre de valves cardiaques mécaniques. Elle et moi savons à quel point ça peut être contraignant dans une vie. Alors, en effet, notre groupe est un cercle de hasards et de coïncidences parfaitement analogues. C’est The Kindred Circle, autrement dit, "le cercle analogue".

Vous vous présentez comme un groupe de d’ambiant, d’atmospheric music. J’ai envie de dire alors le tout très teinté de que l’on pourrait appeler "folk-metal"...

Anastasia : Je n’exclus pas cette possibilité. Probablement quelque chose comme ça peut être entendu dans notre musique. Il ne faut pas oublier, en particulier, que j’ai travaillé dans le metal depuis 20 ans et que des choses viennent inconsciemment à mon esprit. Geoffrey n’a pas toujours été un musicien classique, il a travaillé dans d’autres styles également. Je pense que de tels arrangements sont une conséquence de notre déformation professionnelle du metal.

Geoffrey : Je ne sais pas. Mais, je dois dire, et c’est une confession, que je n’ai jamais été fan de la musique folk en général. A tort peut-être. A tort sans doute ? Lorsque j’étais plus jeune, il m’arrivait d’écouter des groupes de metal comme Rhapsody (pour ne citer qu’eux) qui inséraient des éléments de musique folk, mais aussi de musique ancienne, voire du Moyen Age. Si je trouvais que ça sonnait bien dans leurs morceaux, je n’ai jamais eu l’idée de faire pareil dans mes arrangements. Ce qui est certain, c’est que la musique d’Anastasia lui vient en partie de son enfance. Les premières notes de musiques qu’elle a entendues, c’était dans des mosquées, lorsqu’elle habitait Ouzbékistan. Il y a des réminiscences sans aucun doute.

Il y a également un soin qui est apporté au son...

Anastasia : C’est une des composantes importantes. Nous avons tous les deux notre propre studio d’enregistrement et nous adorons travailler avec le son. C’est impératif que le projet ait sa propre atmosphère et une bonne qualité de son. J’ai une approche très détaillée de l’enregistrement des voix et je peux mettre du temps pour obtenir la qualité d’enregistrement que je veux. Et j’ai toujours su que pour sa part, Geoffrey ferait tout très bien.

Geoffrey : Exactement. C’est fondamental, pour elle comme pour moi. Si, bien entendu, je n’ai pas la moindre prétention comme ingénieur du son, pour autant, j’ai appris avec les années à non seulement bien utiliser mon matériel, mais aussi et surtout à savoir exactement ce que je veux entendre. Comme j’ai eu l’habitude de le faire avec la guitare d’ailleurs... En combinant une idée artistique claire à une certaine maîtrise des outils à disposition, on peut en effet obtenir un rendu précis et professionnel, sans oublier l’émotion. C’est tout ce qui compte.

Justement comment se déroulent les phases de composition et d’enregistrement ? 

Anastasia : Les deux compositions sont légèrement différentes dans ces processus. La seconde ("White Lily Black Water") a été très compliquée en termes d’arrangements et je pense que Geoffrey le dira lui-même. En général, le flux du travail ressemble à ça : j’écris le fil conducteur, la base du futur morceau, ça peut être un court extrait d’une ou deux minutes mais qui contient les idées principales. Je le fais au piano, ensuite j’ajoute la ligne vocale par-dessus et sans paroles. Ça peut me prendre beaucoup de temps, j’écris vite, mais je dois trier mes idées en gardant la meilleure selon mon opinion, ensuite je l’enregistre et l’envoie à Geoffrey. Si tout lui convient, il commence à arranger la composition sur ses instruments, et j’écris les paroles en rapport avec la ligne vocale qui est déjà dans la mélodie.

Je ne suis pas très bonne poète, je n’écris pas de poésie, je me concentre uniquement sur la musique et je choisis le thème et les mots en rapport avec l’atmosphère de la musique. Ça peut expliquer pourquoi je n’utilise pas de texte comme source d’inspiration. C’est parce que j’écris de la musique inspirée d’autre chose, par exemple sur un sujet précis, un livre, voire un tableau, ça peut même être la biographie de quelqu’un. Mais pour notre premier morceau, "Kvan Forema", que nous avons réalisé au milieu de la pandémie en 2020, c’est resté en "version de travail" pour les paroles. La langue dans la chanson n’existe pas. J’ajouterai aussi que "White Lily Black Water" comporte un arrangement incroyable de Geoffrey. Tout ce qu’on entend vient des instruments et c’est enregistré en "live", toutes les textures, le fond, et c’est un travail très difficile. Geoffrey l’a fait, c’est incroyable !

Geoffrey : Comme je te l’ai dit, je suis plutôt arrangeur. J’interviens à la seconde étape disons. Ce qui m’enlève un certain stress je dois dire ! Anastasia m’envoie ses extraits qui sont déjà très avancés en termes d’écriture. C’est en version voix et piano. Suivant ce que le morceau m’inspire, j’ai rapidement une idée claire de ce que je veux (forme, écriture, effets), au risque de me répéter… mais c’est très pratique et ça me permet de travailler relativement vite.

"Kvan Forema" et "White Lily Black Water" sont très différents. L’un est accompagné par cinq parties de guitare classique et le second par trente-deux (oui trente-deux) parties de guitare électrique. Dans les deux cas, même s’il y a un solo de guitare en tapping dans "White Lily", j’essaie de faire sonner le tout comme un ensemble de musique de chambre ou un orchestre, mais composé exclusivement de guitares. Tout ce que j’arrange est purement de l’audio, il n’y a aucun instrument virtuel (hormis la partie de piano que je laisse toujours pour ajouter de la texture). Toutes les parties sont jouées les unes sur les autres, et je dois dire que pour "White Lily", j’ai bien cru que je ne m’en sortirais jamais ! Mais je suis quelqu’un de pragmatique : je sais aussi qu’il faut savoir s’arrêter et que toutes les idées combinées ne sont pas forcément celles qui donneront le meilleur résultat.

Dans la vidéo de "White Lily Black Water", on aperçoit derrière toi Geoffrey un portrait de Zappa et un autre de Gustav Mahler... J’imagine que ce n’est pas un hasard...

Geoffrey : J’ai mes "Dieux", et Mahler ainsi que Zappa en font partie. Mais tu ne vois pas sur l’image les autres portraits de Bernstein, Karajan, Richter, et celui de mon mentor : Berlioz. Hormis Richter (un Russe !) qui demeure un des plus grands pianistes de tous les temps et pour qui j’ai une admiration sans bornes, toutes ces légendes ont un point commun : l’orchestre, par la direction et ou la composition. Me comparer à eux serait ridicule et prétentieux, mais ce projet avec Anastasia me permet d’orchestrer à ma façon et tenter de marcher sur leurs pas.

Je sais qu’il y a un autre compositeur qui est très important pour toi...

Geoffrey : En effet, comme je te le disais, Berlioz est mon mentor. Sa musique, son génie, sa vie et les deux décennies que je viens de passer à l’étudier (je lui ai consacré ma maîtrise, mon master et surtout ma thèse, il y a maintenant dix ans, sans compter les articles et conférences) ont fait de lui une figure tutélaire, une personne de ma famille. Je sais qu’il me regarde !

 

En savoir plus :
Le Bandcamp de The Kindred Circle

Traduit de l’anglais par Geoffrey Jubault


Le Noise (Jérôme Gillet)         
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