Spectacle conçu et mis en scène par Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, avec Francesco Alberici,
Martina Badiluzzi,
Daria Deflorian,
Monica Demuru,
Antonio Tagliarini et
Emanuele Valenti. Dans "Avremo ancora l’occasione di ballare insieme", Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, à l’origine du spectacle, s’inspirent du classique de Federico Fellini "Ginger & Fred" pour parler d’art, d’artistes et de la transcendance de l’impulsion de vie qui gouverne les êtres au travers de toute forme d’expression. Sur scène ils sont trois couples, pour représenter trois moments de vie. Il y a Daria Deflorian et Antonio Tagliarini bien sûr, les plus Rogers et Astaire du lot, qui évoquent leur rapport empreint de sagesse et presque déjà de nostalgie à la scène, à l’ombre, à la lumière, à l’incarnation, à la présence, représentée par cette servante toujours allumée, symbole d’une volonté créative qui jamais ne s’éteint. On apprend d’ailleurs que pendant le confinement les servantes de France restèrent allumées dans les théâtres, attendant la venue à nouveau des comédiens pour répéter. Il s’agit pour eux de parler et de danser, pour célébrer la vie dont le sens pourrait se trouver là, dans cet abandon de soi, ou cette transcendance, sur scène. Emanuele Valenti et Monica Demuru, eux, représentent le savoir théâtral et l’épanouissement chèrement acquise au fil des années et des prises de risque. Ils osent être pleinement autre, s’en amusent, à l’image de Monica qui change de voix et de corps en un claquement de langue. Ils ont pleinement conscience également que le temps leur est compté, comme le révèle Emanuele dans un monologue poignant où il utilise l’image d’un sachet de pain qu’il voudrait faire, durer et durer encore. Francesco Alberici et Martina Badiluzzi insufflent à la fois férocité et ambition à leurs passages sur scène, doublé d’un amour insatiable du jeu et des vivas. Avec pour base la vision offerte par Fellini, les comédiens tirent le fil d’Ariane de leurs réflexions dans une continuité de saynètes où il est parfois question d’anecdotes tirées du film ou de leurs vies d’artiste, mais également de chant, de claquette ou de tirades philosophiques. Les six interprètes évoluent de manière fluide, sans temps mort, sur un plateau nu, à la scénographie structurée par Paola Villani. Cette dernière a imaginé quatre espaces de jeu. Il y a d’abord la scène bien sûr, mais divisée en deux parties par un rideau délimitant au fond, l’espace visible du public supposé puisque fermé pendant le spectacle par un lourd rideau de velours rouge, et au-devant l’arrière scène des répétitions. Elle inverse ainsi le positionnement du vrai public qui se place donc dans les coulisses, dans une mise en abyme des plus habiles. Il y a également les loges de part et d’autre de la scène, espace de repos mais également de transformation puisque les acteurs y enfilent les costumes de Metella Raboni à vue dont la robe blanche à paillette et à plume librement inspirée du costume du personnage d’Amelia Bonetti, très beau clin d’œil. Fruit d’une collaboration artistique de haut vol, "Avremo ancora l’occasione di ballare insieme" fait partie de ces spectacles inclassables qui offrent à la fois plaisir et réflexion, autour de thèmes universels comme le sens de la vie et l’utilité de la création le tout dans un italien surtitré des plus agréables. |