Je termine mon année de lecture de manière plus rock que l’année dernière avec le dernier ouvrage de Philippe Manœuvre, notre journaliste rock bien connu, rédacteur en chef de Metal Hurlant et de Rock & Folk.
Après l’énorme succès de Rock, le premier volet de ses mémoires façon "ma vie, Manœuvre", l’ancien rédacteur en chef de Rock & Folk continue donc de raconter sa vie pied au plancher. C’est une rencontre fortuite avec un fan lors d’une dédicace qui l’a incité à se lancer dans l’écriture de cet ouvrage publié aux éditions Robert Laffont.
Un premier livre trouvé trop sage par ce lecteur, selon ces termes, qui le pousse alors à nous évoquer une époque de sa vie, sous un autre jour, plus acide, d’où le titre de l’ouvrage. Une époque où la drogue et l’alcool coulaient à flot, une époque où il a beaucoup trippé, selon ses dires, aux côtés de musiciens et d’artistes très connus.
Clean depuis vingt ans, n’ayant plus touché à une goutte d’alcool ni à un gramme de coke, Philippe Manœuvre nous fait voyager et revivre une époque déjantée, pop, incandescente mais révolue : le bon vieux temps du rock’n’roll.
Avec un style inimitable et une grande sincérité, il nous embarque dans ses trips qui mêlent drogues et rock’n’roll : cigarettes, LSD 25, champignons mexicains, cocaïne, speed et Jack Daniel’s sont au menu.
Onze chapitres que le lecteur parcourt avec grand plaisir comme un grand voyage halluciné (le titre est particulièrement bien choisi je trouve car vraiment révélateur de l’ambiance qui se dégage de la lecture) au cœur d’un passionné de musique.
On y découvre par exemple sa découverte des champignons hallucinogènes à Amsterdam en compagnie de sa compagne de l’époque, une certaine Virginie Despentes et son amitié avec Philippe Djian. Il nous raconte son épopée soviétique avec le groupe Scorpions en temps de fin de guerre froide mais aussi ses grands entretiens avec l’énigmatique David Bowie.
On s’amuse aussi à lire ses virées délirantes avec le groupe Motörhead mais aussi autour de son incursion hallucinée dans la convention du LSD. J’ai découvert l’existence de Marc Zermati, le pape méconnu du punk, un personnage haut en couleurs d’après l’ouvrage. Il nous propose aussi un chapitre très drôle sur la Cannabis cup, la coupe du monde de la beuze, les jeux olympiques du THC, toujours à Amsterdam, qui apparaît au passage comme une grande ville de la drogue, chose que l’on savait déjà.
En lisant cet ouvrage, Philippe Manœuvre arrive à nous faire ressentir le plaisir qu’il a du prendre en le rédigeant. Sans chercher à faire la moindre promotion de toutes ses drogues, il nous raconte comment elles ont parcouru un moment de sa vie tout en tirant au final des conclusions de ses addictions. Et en même temps, il nous parle aussi beaucoup de musique et de rock, ce qui est au final toute sa vie. Une vie bien remplie déjà, presque un roman. |