"Ce projet est venu à moi très naturellement tel un inventaire qui se réclame, un peu comme si je retournais à l’école. Il est un hommage à la transmission, à l’esprit de curiosité indissociable et indispensable à cet apprentissage par soi-même. Ces duos sont une façon de continuer à évoluer encore et toujours et me rappellent ma jeunesse lorsque je me ruais sur tout ce que je ne connaissais pas, avec une curiosité qui est toujours intacte".

Quand un artiste fait un disque uniquement composé de duos, c’est rarement bon signe. Pour autant, ici le résultat est magnifique. Ce Be my Guest n’est peut-être (insistons sur le peut-être) pas le meilleur disque du chanteur "jazz" belge mais ces quinze duos sont autant de faces de son esthétique et devient en quelque sorte un best of, ou le disque idéal pour le découvrir.

On retrouvera donc autour de Linx rien moins que Marc Ducret, Tigran Hamasyan, Gustavo Beytelmann, Trevor Baldwin, Or Solomon, Hamilton De Holanda, Magic Malik, Eric-Maria Couturier, Theo Bleckmann, Ran Blake, Nguyên Lê, Bart Quartier, Rani Weatherby, Diederik Wissels ou Peter Hertmans. Presque autant de duos qu’a David Linx dû modeler, et de si belle manière, sa voix (accents jazz, crooner, scat, vocalises spoken word, chant dans différentes langues...) et clairement également de se challenger.

Ce sont aussi de nombreux univers différents. Intensité, sensibilité sur "Letter to Trevor" avec Trevor Baldwin, "Hunter" (reprise de Björk) avec Or Solomon, "Pagina De Dor" avec maître du choro Hamilton De Holanda, "Making Do, Making new" sur un thème d’Edward Elgar avec toute la profondeur du violoncelle d’Eric-Maria Couturier (soliste à l’Ensemble Intercontemporain), "Round Midnight" dans une version hallucinante et hallucinatoire avec Tigran Hamasyan, "By the Seine" avec le vibraphoniste Bart Quartier, "Vanguard" avec le pianiste Ran Blake.

Aérien avec "Waves" et son contrepoint et sa multiplication vocale rappelant Fredo Viola, "Close to You" (de Hal David et Burt Bacharach) avec la flûte tournoyante de Magic Malik, sur "My Bee" avec le guitariste Nguyên Lê, folk avec "Tonight You Belong to Me" avec Rani Weatherby et son ukulélé, urbain avec les claviers électroniques de Diederik Wissels dans "The Bystander effect".

C’est du velours, de la poésie... "Emportez-moi" chante Linx porté par la guitare de Marc Ducret. C’est lui qui nous emporte avec ce disque qui fait totalement sens et c’est absolument formidable.