La Fondation Custodia présente l'exposition "Sur le motif - Peindre en plein air 1780-1870" qui propose un voyage au coeur de la peinture de paysage, un genre pictural longtemps considéré comme mineur et, au demeurant, plus complexe et paradoxal qu'il n'y paraît, sur la période qui précède l'engouement impressionniste.
Placée sous un commissariat tripartite de - Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, Mary Morton, conservatrice à la National Gallery of Art de Washington et de Jane Munro, conservatrice au Fitzwilliam Museum de Cambridge, elle se déploie en un parcours singulier.
En effet, les commissaires ont choisi un angle d'approche inattendu pour, indiquent-ils, "jouer sur les juxtapositions rythmiques et poétiques", en invitant le visiteur à se positionner comme l'artiste en lui emboitant le regard, parfois en se tenant derrière lui tel dans l'oeuvre de Jules Coignet ("Vue de Bozen avec un peintre") et s'immerger dans la nature retracée sur la toile.
La peinture en plein air : la Nature dans tous ses états
En effet, la monstration s'affranchit d'un didactisme savant, tant sur l'évolution chronologique du genre que la stylistique des différentes écoles artistiques, pour procéder par appariement thématique afin de proposer au public, quel que soit son degré d'érudition sur ce sujet très circonscrit, une expérience sensible et, notamment, esthétique.
Cet appariement s'opère selon la typologie des éléments naturels, le minéral et le végétal, et des éléments qui régissent l'univers, la terre, l'eau, l'air et le feu, qui concourent à la morphologie du paysage constituant le cadre physique du vivant et par le geste de l'art se révèle l'immanence de la nature et la physionomie spirituelle du paysage et, par une représentation souvent subjective, l'âme de l'artiste.
Pendant la période considérée, celle du mouvement romantique qui marque une rupture avec le paysage idéalisé classique et le védutisme topographique, la peinture de paysage, exercice mené généralement dans le cadre de l'atelier, avec en outre l’usage de l’esquisse en plein air comme étape de la formation des paysagistes européens, s'oriente vers une peinture sur le motif, en extérieur, qui annonce la peinture en plein air des impressionnistes.
Par la confrontation avec le réel, elle permet la mise en oeuvre concrète de la théorie des couleurs et l'expérimentation sur la lumière entre luminisme et clair-obscurisme ainsi que l'expérimentation du mouvement.
Comme par la représentation des variations atmosphèriques notamment sur le ciel orageux ("Etude de nuages : coucher de soleil orageux" de John Constable) et l'eau, tant celle courante avec le sujet de la cascade ("Chutes de la rivière Traun" de Christian Ernst Bernhard Morgenstern) que dans le paysage maritime avec la tempête ("Etude de vagues se brisant sur des rochers au coucher du soleil" de François Gérard).
En avant donc pour une déambulation sans frontière en compagnie de grands noms de la peinture comme des petits maîtres moins connus du grand public qui comporte un focus sur les paysages italiens, l'Italie étant une des destinations du Grand Tour du 18ème siècle, et, entre autres, des oeuvres à la signature notoire ("Château Sant’Elmo, depuis Capodimonte" d'Edouard Degas, "L’île et le pont de San Bartolomeo" de Camille Corot).
Une salle est consacrée au thème du rocher bien évidemment pour le paysage de montagne, une montagne millénaire qui peut cependant exploser sous le feu du magma terrestre("L'éruption du Stromboli" de Jean-Charles Rémond) mais également comme éléments du paysage de bord de mer ("Rochers à marée basse" de Vilhelm Kyhn) qui contraste avec celui des plages ("Dunes de sable sur la plage de Skagen" de Johan Carl Neumann) et parfois plusieurs motifs s'entremêlent pour participer à la vue (tels l'eau, le ciel, le minéral et le végétal sur "Vue d'Albano" de Giovanni Battista Camuccini).
Et le visiteur pourra également constater le choix de points de vue originaux comme le paysage vu de l'intérieur d'une grotte ("Grotte dans un paysage rocheux" de Louise-Joséphine Sarazin de Belmont) et le paysage "caché" situé en arrière plan d'arbres ("Arbres devant une vallée" de Simon Denis - "Oliviers près de Tivoli" de Janus La Cour).
A voir pour redécouvrir la joie dispensée par le spectacle de la nature et à regarder en préambule à la visite :
un diaporama de l'exposition in situ
la présentation d'oeuvres avec les textes explicatifs rédigés par Alice-Anne Tod |