J’aime Bernard Quiriny, il est je pense mon auteur de nouvelles préférées et je suis toujours ravi lorsque j’apprends qu’une nouvelle publication le concernant arrive. Et c’est surtout en début d’année qu’il a l’habitude de nous retrouver, toujours aux éditions Rivages, avec l’ambition de nous rendre encore plus agréable ce temps de bonnes résolutions.
Ici, ce n’est pas un recueil de nouvelles qu’il nous propose mais un roman qui a pour intention de rendre hommage à l’un de ces précieux amis, trop tôt disparu. En écrivant son portrait, celui du baron d’Handrax, il nous dévoile le petit monde fantasque et désopilant de ce personnage inoubliable.
Il faut avouer qu’en parcourant le portrait de ce baron, on pourrait très bien se dire qu’il sort de l’imagination débordante de Bernard Quiriny tant il présente un personnage haut en couleurs. Et bien pourtant ce baron d’Handrax a bel et bien existé. Et Bernard Quiriny l’a rencontré, installé en famille dans un manoir de l’Allier. Cet hobereau excentrique aux allures de géant barbu est débordant d’idées folles, qui font de lui le plus attachant compagnon. Né en 1946, mort en 2016, il a toujours vécu dans l’Allier.
Le baron d’Handrax, c’est un collectionneur de maisons en ruines, un organisateur de dîner de sosies mais aussi un pourvoyeur intarissable d’anecdotes et de bons mots. Spécialiste des langues inconnues, inventeur de génie, amateur de cimetières et de trains électriques, ce baron d’Handrax ne fait rien comme tout le monde et ne cesse de surprendre.
Père de sept enfants, certains avec son épouse légitime, d’autres avec sa jeune servante, tout ce petit monde cohabite ensemble et Bernard Quiriny nous le raconte avec ses mots si bien choisis. C’est souvent drôle, teinté d’ironie délicate que l’on connaît de l’auteur dans ses autres ouvrages. La vie de ce baron, qui nous est décrite, ses mœurs et ses passions sont à la hauteur de l’écriture de Quiriny et de son imagination. On comprend très bien comment ces deux-là ont pu se rencontrer et s’apprécier.
Mais c’est surtout un très beau livre d’amitié qui se dévoile au fil des pages. On voit l’attachement que porte l’auteur à ce baron étrange et fascinant qu’il appréciait beaucoup.
Pour accompagner la sortie de l’ouvrage de Bernard Quiriny, les éditions Rivages ont l’amusante idée de publier dans leur collection poche un ouvrage d’Archibald Handrax qui, au cours de sa vie, a écrit des livres qu’il a toujours pris un malin plaisir à ne pas finir. Un seul manuscrit a réchappé à sa manie de l’inachèvement : un recueil de pensées, d’anecdotes et d’aphorisme où ce grand amateur de paradoxes prend avec humour les évidences à rebours et met le monde à la renverse. L’ouvrage, intitulé Carnets secrets, est évidemment préfacé par Bernard Quiriny. Les deux ouvrages se complètent parfaitement, peu importe l’ordre de lecture, ils nous font découvrir un homme en dehors du temps d’une grande originalité. |