"Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
La foule les chante un peu distraite
En ignorant le nom de l'auteur
Sans savoir pour qui battait leur cœur"
L’âme des poètes, Charles Trenet.
Le fil conducteur de ce disque, mais nous pourrions dire qu’il l’est toujours pour Guillaume de Chassy, c’est la mélodie. Cette chose qui ne connaît pas de frontières temporelles ou esthétiques et qui touche au cœur. C’est cela qu’a voulu exprimer le pianiste avec Arnault Cuisinier à la contrebasse, Thomas Savy aux clarinettes (basse et soprano) et après David Linx, Natalie Dessay ou Laurent Naouri, la chanteuse Élise Caron.
Cette force, cette intemporalité. Dans une ambiance feutrée comme du velours, intimiste et poétique, avec cette volonté de peu répéter pour capter l’instant présent le quatuor joue Yves Montand ("Actualités" d'Albert Vidalie et Stéphane Goldmann), Suzy Delair ("Danse avec moi" d'André Hornez et Francis Lopez), Lucienne Delyle ("Je suis seule ce soir" de Jean Casanova et Rose Noël), Danielle Darrieux ("Adieu chérie" d'André Tabet et Jacques Companeez, "L'étang" de Paul Misraki) ou Charles Trenet ("Verlaine" sur le poème Chanson d'automne).
À ces chansons Guillaume de Chassy alterne avec des instrumentaux ("Throughout" de Bill Frisell, "Music is Melody" (qui aurait pu donner son nom au disque) mêlant Prokoviev et Bill Evans, "L’âme des poètes" de Charles Trenet ou le lieder (ici sans partie chantée), "Nacht und Traüme" de Franz Schubert. Que dire que nous nommes touchés, émus à l’écoute de cette musique, de ces subtiles interprétations, où l’émotion est reine. Un très beau disque.
Le froid pointe le bout de son nez, les guirlandes sont de sortie (mais couper votre box internet surtout hein...) mais il reste la culture pour se réchauffer et se réconforter. C'est parti pour le programme de la semaine.