Live from Salzburg
(Deutsche Grammophon) décembre 2021
Durant la période 1857-1858, Richard Wagner séjourne dans la propriété de son protecteur Otto Wesendonck où il s’éprend de la jeune femme d’Otto, Mathilde, avec qui il aura une idylle passionnée. C’est à ce moment que les prémices du célèbre Tristan und Isolde vont se mettre en place, sans doute inspirées par cette idylle. Il composera, parallèlement à cette oeuvre cinq lieder sur les poèmes de Mathilde : Der Engel (L’ange), Stehe still (Arrête-toi !), Im Treibhaus (Dans la serre), Schmerzen (Douleur) et Traüme (Rêves). D’abord composés pour voix et piano, seul le dernier Lied, Traüme sera orchestré en 1857. Il faudra attendre 1890 pour que Wagner orchestre les 4 autres lieder.
C’est une version live de ces cinq lieder que nous propose le label Deutsch Grammophon, choisissant de mettre en avant les rares concerts publics ayant eu lieu durant les étés 2020 et 2021. Nous retrouvons ici la mezzo-soprano Elina Garanca, accompagnée du Wiener Philharmoniker sous la direction de Christian Thielemann, lors du festival de Salzburg. Cette chanteuse d’origine lituanienne, ayant parcouru le monde pour se produire dans différents opéras, nous enchante dans cette version exceptionnelle. Le contraste entre les différents lieder est magnifique : douceur, agitation, rêverie, douleur, amour. Le tout est magnifiquement accompagné par l’orchestre avec un très bel équilibre et une sonorité très intéressante.
Parallèlement aux Wesendonck Lieder de Wagner, une autre série de lieder est proposée, également issue d’un concert du festival de Salzburg. C’est Gustav Mahler qui est à l’honneur cette fois avec ses Rückert Lieder. Rückert, dans ses poèmes expose avant tout des états d’âme : solitude, douleur, contentement. Ces lieder de Mahler sont une pure splendeur avec une orchestration magnifique, variée, jouant avec les différents instruments et les sonorités. La voix d’Elina Garanca n’a plus qu’à être posée délicatement sur ce tapis instrumental. Moins virtuose que les lieder de Wagner, nous entendons ici une autre facette de la chanteuse dans une partition extrêmement lyrique qui lui va remarquablement bien.
Je recommande vivement l’écoute de ce disque qui nous fait découvrir, ou redécouvrir, des genres peut-être moins connus de ces deux compositeurs dans une très belle interprétation.
Même si les 13 novembre ne seront plus tout à fait les mêmes depuis 2015, la vie continue et a fortiori la vie culturelle ! Voici notre sélection hebdomadaire pour sortir la tête de la morosité et la remplir de curiosités.