Réalisé par Philip Barantini. Grande-Bretagne. Comédie dramatique. 1h34 (Sortie 19 janvier 2022). Avec avec Stephen Graham, Hannah Walters, Vinette Robinson, Ray Panthaki, Aine Rose Daly, Jason Flemyng et Izuka Hoyle.
Dans la longue liste des chefs victimes de leur rude métier, on placera désormais aux côtés de Vatel et de Bernard Loiseau, Andy Jones, interprété dans "The Chef" de Philip Barantini par Stephen Graham.
Chef dans un bistro londonien, Andy Jones ne pète pas la forme en ce "Magic Friday", le vendredi d'avant Noël, date où traditionnellement les gourmands se pressent dans les restaurants d'outre-Manche... Philip Barantini va le suivre presque constamment caméra à l'épaule en un seul plan dans cette soirée digne de "Cauchemar en cuisine".
Et vraiment, les scénaristes du film ont eu la main lourde, question ingrédients dramatiques. En entrée, on dégustera l'arrivée inopinée d'un inspecteur chargé de vérifier l'hygiène des cuisines.En plat de résistance, des clients têtes à claques et des employés qui en voient des vertes et pas mal de pas mûres tout en s'invectivant copieusement, avant l'apothéose finale qui ne sera pas la ronde des desserts...
On passera sur la conception "anglaise" du restaurant chic où l'on apporte des "bouteilles à deux cents livres" débouchées et en les posant sur la table sans autre forme de procès, où le personnel chargé du service est habillé comme l'as de pique. Sans parler du décor du lieu indigne d'un buffet de la gare d'antan.
On dira donc qu'on est plutôt dans de la "bistronomie" que dans de la haute cuisine, malgré ce qu'en disent les critiques gastronomiques évidemment présents dans ce Titanic culinaire.
Car, on s'en doute, "The Chef" de Philip Barantini est une métaphore de la Grande-Bretagne post-brexit. On y trouve pêle-mêle des influenceurs, des stars de la téléréalité culinaire, des américaines en goguette, des employés de toutes origines, des clients allergiques ou racistes et un commandement désemparé qui navigue complètement à vue.
Il y a quelques décennies, Fellini, dans "Prova d'Orchestra » avait choisi un orchestre pour décrire l'Italie d'après les années de plomb. Ici, on a donc recours à un "grand" restaurant.
C'est réussi grâce à des comédiens rompus qu'on a tous déjà vus ailleurs et qui sont à leur avantage, telle Carly, la "sous-cheffe", jouée avec beaucoup de nuances par Vinette Robinson.
Le filmage théoriquement en un plan ne fait ni gadget ni prouesse et l'on vit vraiment 90 minutes dans une brigade culinaire sans aucun temps faible, où tous se démènent avec pour mission quasi impossible de convertir des estomacs anglais aux plaisirs gastronomiques à la française
"The Chef" de Philip Barantini mérite une ou deux étoiles dans la catégorie "cinéma des gourmets" qui est désormais devenu un genre cinématographique à part entière, depuis "Le Festin de Babette" et "Tampopo".> |