L'Atelier des Lumières, centre d'art numérique piloté par Culturespaces fondé par Bruno Monnier, rend hommage au peintre Paul Cézanne (1839-1906) avec l'exposition "Cézanne - Lumières de Provence" dédiée à la production qui lui a valu le surnom "le Maître d'Aix".
En effet, le directeur artistique Gianfranco Iannuzzi a choisi non la rétrospective mais la thématique chrono-géographique qui avait présidé à l'exposition "Cézanne et la Provence" à la National Gallery of Art de Washington puis au Musée Granet en 2006, année du centenaire de la mort du peintre.
De la même génération que Claude Monet, fondateur de l'Impressionnisme qui marque la rupture radicale avec l'académisme, Cézanne, figure du Post-impressionnisme, revient définitivement en 1889 dans sa province natale pour opérer son articulation entre classicisme et modernité qui en fera le pionner des avant-gardes, notamment de l'Abstraction et du Cubisme, et inspirateur du Fauvisme.
Le Maître d'Aix dans son domaine
En Provence, Cézanne se consacre à son "rêve de peinture", qui doit traduire le rapport du peintre à la réalité, et à son inextinguible quête de "la vérité de la peinture" par le questionnement esthétique sur la beauté, le beau naturel et le beau artistique, pour créer un autre monde.
Elle passe par la recherche plastique pour s'affranchir de la représentation illusionniste, de la ligne-découpe, de la construction géométrique perspectiviste et de l'atmosphère lumineuse en privilégiant l'utilisation de la couleur* qui caractérise la révolution picturale cézanienne : le dessin par la couleur avec la modulation contrastée pour le volume et le procédé de la touche directionnelle pour la forme.
Dans l'Atelier des Lumières, la monstration immersive proposée, dont la mise en scène cinétique avec, entre autres, zooms et fondus-enchaînés, et l'animation vidéo sont assurées par le studio de création vidéo immersive Cutback, est celle d'un tourbillon de couleurs rythmé par un medley sonore éclectique qui emprunte à la musique classique de Rameau à Chopin, au jazz de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli et à la pop de Dardust selon une trame de symphonie dramatique en six mouvements et un éblouissant final pour relater la maturité tourmentée de Cézanne.
Et ce en illustrant le parcours provençal du peintre qui retient les postulats impressionnistes de la récurrence du motif et du travail sériel, en l'espèce notamment pour la peinture de paysage et son motif de prédilection, la montagne Sainte-Victoire qu'il voit depuis son atelier situé à Aix-en-Provence sur la colline des Lauves.
Car le paysage s'avère le genre pictural de prédilection de celui pour qui "l’étude réelle et prodigieuse à entreprendre, c’est la diversité du tableau de la nature".
En Provence, il poursuit son exploration du genre considéré comme mineur de la nature morte qu'il décline à l'envie autour de "son" fruit, avec une profusion de pommes ordonnées autour de la célèbre toile "Hommage à Cézanne" de Maurice Denis, portrait de groupe des Nabis ébaubis devant son "Compotier, verre et pommes".
Egalement celui du portrait dans une tonalité rembrandtienne, avec de nombreux autoportraits ténébreux et des portraits des gens simples qu'il croise au quotidien.
Ainsi que des scènes de genre, du pittoresque, avec le thème des joueurs de carte, au classique avec le motif de la baigneuse, parfois décliné au masculin, dont le traitement évoque, non sans érotisme, une plénitude arcadienne.
En préambule à la visite :
à regarder : la galerie photo
à voir :
l'exposition "Cézanne et les Maîtres - Rêve d'Italie" au Musée Marmottan Monet en 2020
et les commentaires de la commissaire Marianne Mathieu
sur la viéo "Cézanne le précurseur"
l'exposition "Cézanne - Métamorphoses" à la Kunsthalle de Karlsruhe en 2018
le documentaire dans la série "Les maîtres de la peinture moderne"
de la châine Toute L'Histoire
à écouter le podcast "Paul Cézanne (1839 - 1906) dans la série "Toute une vie" sur France Culture |