Comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Cécile Rist, avec Bastien d’Asnières, Félicie Baille, Gilles Comode, Anne Cosmao, Sabrina Delarue, Patrice Juiff, Olga Kokorina et Guillaume Tobo.
Premier grand succès de Georges Feydeau, "Tailleur pour dames", est une des pièces emblématique de l’auteur, reprenant tous les éléments qui ont fait sa réussite : maris volages, escalade de mensonges, quiproquos, portes qui claquent, entrées et sorties de scène opportunes, cachettes improbables, domestiques espiègles et raseurs en tout genre.
Le docteur Moulineaux s’entiche d’une de ses patientes et lui donne rendez-vous au bal de l’Opéra. Malheureusement il se fait poser un lapin et, faute de clefs, doit passer la nuit dehors.
Sa femme s’en apperçoit et c’est le début d’une longue journée pour le docteur Moulineaux, qui devra jongler entre le sauvetage de son mariage, son désir pour la belle Mme Aubin, la visite de sa belle-mère, un mari jalou des plus inquiétant, un valet pour le moins espiègle et des solliciteurs inoportuns, dans un enchevêtrement de tromperies qui conduiront le médecin à se faire passer pour un tailleur pour dames.
Si l’intrigue est connue et les effets de manche usés, Cécile Rist et Guillaume Tobo offrent une mise en scène travaillée et originale pour dépasser les clichés du genre. Ils ponctuent ainsi les scènes d’intermèdes musicaux (dont les arrangements musicaux sont de Bastien d’Asnières) tirés du répertoire populaire, n’hésitant pas à demander aux acteurs de faire choeur.
Sur un plateau vide et avec quelques accessoires ils recréent sans décor, à la fois l’appartement bourgeois des Moulineaux et l’atelier de notre tailleur pour dames, faisant voltiger les portes plutôt que de les claquer et jouant sur toutes les dimensions y compris celle de l’imaginaire.
Stéphanie Vaillant a imaginé un ensemble de costumes jouant beaucoup sur les couleurs pour rendre identifiable les couples et leur évolution tout au long de la pièce: noir pour le mari volage, blanc pour sa femme amoureuse malgré tout, rouge pour la belle mère en colère, kaki pour le couple Aubin à la morale trouble…
Si les comédiens usent parfois trop des silences pour souligner le malaise ou l’incompréhension, leur énergie et leur joie est communicative. Guillaume Tobo est impeccable dans le rôle principal, Patrice Juiff truculent dans celui de Bassinet, et Bastien D’Asnières étonnant car très ambigu dans le rôle de M Aubin.
Côté dames, on retiendra surtout la présence et l’interprétation sauvage d’Anne Cosmao qui parle pourtant peu tandis que Sabrina Delarue incarne une belle-mère farouche mais bien loin de l’hystérie dont on l’affuble parfois.
Un divertissement de bonne facture qui dépoussière joyeusement l'œuvre et prête à sourire. |