"Dussé-je toute ma vie ne rien produire de bon et de beau, je n’en sentirais pas moins une joie réelle et profonde à goûter ce que je reconnais et ce que j’admire de beau et de grand chez autrui" Franz Liszt

Quel rapport, quelle relation s’instaure entre le compositeur et l’arrangeur ? Quel espace peut se créer entre ces deux types d’expression musicale ? C’est à ces questions qu’apporte la pianiste suisse Beatrice Berrut ses réponses, tissant un lien avec ses superbes interprétations de Liszt, "c’est rendre hommage au génie d’une musique dont l’essence ne s’altère pas avec la forme et se reconnecter à l’universalité de la pensée du XIXe siècle. La musique doit continuer de vivre, car comme l’aurait dit Mahler : "La tradition n’est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu" !"

Ce Jugendstil (du nom de la version allemande de l’art nouveau) est donc consacré à sa paraphrase de la Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg ainsi qu’à ses transcriptions d’extraits des Symphonies nos 3,5 et 6 de Gustav Mahler. Un double vocable et des différences. Une transcription est l’adaptation, la reproduction d’une composition dans une autre instrumentation, la paraphrase est l’appropriation plus personnelle d’une œuvre.

La frontière entre les deux peut parfois être ténue. Dans les deux cas, Beatrice Berrut propose une relecture, une transformation tout à fait personnelle et pertinente des différentes pièces sans jamais y perdre la puissance mélodique, expressive.

Elle ne cherche pas à imiter l’orchestre au piano mais elle amène des effets, des couleurs que peut produire un orchestre dans ce qui devient une véritable œuvre pianistique.

Elle possède une grande palette d’expressions, une sensibilité poétique, une grande virtuosité doublée d’une belle musicalité, cette capacité à mettre en valeur les timbres, la matière sonore et les différents plans sonores que nécessitent les œuvres originales.

Superbe.