Le Musée de Montmartre propose régulièrement de sortir des sentiers battus muséaux en présentant des expositions consacrées aux artistes des avant-gardes parisiennes qui ont travaillé à Montmartre comme leurs homologues au nom plus illustre.
Ainsi, après Georges Dorignac en 2019 et Otto Freundlich en 2020, il propose de (re)découvrir l'oeuvre de Charles Camoin (1879-1965) avec la rétrospective "Charles Camoin - Un fauve en liberté" dont le titre reprend le credo du peintre - "En tant que coloriste, j’ai toujours été et suis encore un fauve en liberté" - et synthétise son affiliation au mouvement du Fauvisme.
Optant pour le didactisme, les commissaires Assia Quesnel, historienne de l’art et responsable des archives Camoin, et Saskia Ooms, responsable de la conservatiFon du Musée de Montmartre, ont conçu un déroulé chrono-thématique de son parcours artistique.
Charles Camoin, buissonnier pictural
Au fil de sa déambulation, le visiteur pourra en dégager les lignes-forces tant en ce qui concerne le style de Charles Camoin connu en son temps, présent dans les salons et intégré dans le circuit du marché de l'art, comme sa résidence entre la capitale où il a eu un atelier dans la célèbre Maison de Bel Air de la rue Cortot devenue le Musée de Montmartre, puis rue Lepic et avenue Junot. et la Provence dont il est originaire, ne s'avère pas exclusif.
En effet, il navigue entre impressionnisme, fauvisme par son appartenance à l'informel "groupe Matisse" constitué autour du chef de file Henri Matisse avec notamment Albert Marquet lors de sa formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, et expressionnisme avec une forte influence cézanienne, que ses genres picturaux de prédilection.
Ainsi, le goût du portrait et un choix éclectique de modèles, ses intimes ("La mère de l'artiste sur le divan"), de ses proches ("Portrait d'Albert Marquet", "Madame Matisse à la tapisserie"), et d'anonymes de toutes origines sociales ("Femme à la voilette","Jeune marocain", "Jeune créole","Jeune fille endormie").
Ensuite sa pratique du paysage dès son arrivée à Paris avec le paysage urbain ("Le Moulin Rouge aux Fiacres", "Maisons à Montmartre") avec le fil de la Seine et ses ponts ("Le Pont des Arts vu du Pont-Neuf", "La Péniche sur la Seine") et des vues bucoliques ("Le Jardin du Roi aux Tuileries").
Et le paysage méditerranéen ("Deux Pins dans les calanques de Piana, Corse" retenu pour l'affiche, "Ramatuelle à travers les arbres, "La Croisée des chemins à Ramatuelle") avec les scènes maritimes et portuaires "Port de Marseille, tels "Le port de Cassis à la barrière", "Notre-Dame de la Garde et le Vieux port" et
Enfin le tropisme de la figure féminine, de la scène de genre impressionniste avec la femme à la fenêtre avec vue sur la mer ("Lola sur le balcon") au réalisme cru avec le nu dans la pose explicite avec les jambes largement ouvertes ("La Saltimbanque au repos", "Nu à la chemise mauve"), les prostituées qui s'exhibent à la vue des passants ("Marseille, rue Bouterie") et le thème classique de la baigneuse dont "Les Grandes Baigneuses" rarement vu car détenu dans une collection particulière.
A ne pas rater "L’Indochinoise", "Le Moulin-Rouge aux fiacres" et "Autoportrait", trois des toiles faisant partie de "l'affaire des toiles coupées" suite à leur destruction par le peintre en 1914, les oeuvres graphiques réalisées par Charles Camoin mobilisé sur la guerre de 1914-18
et la section aux deux ateliers "régionaux" de Charles Camoin
avec une très belle photo en miroir du peintre âgé dans son atelier de Saint-Tropez en 1961 à mettre en résonance avec son autoportrait de jeunesse datant de 1910 en début de monstration.
En préambule à la visite à voir :
un diaporama de l'exposition in situ
en vidéo la présentation de l'exposition "Camoin dans sa lumière" au Musée Granet à Aix-en-Provence en 2016
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