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Jacques doillon  (mars 2022) 

Réalisé par Jacques Doillon. France. Comédie dramatique. 1h35 (Sortie 23 mars 2022 - 1ère sortie 13 février 1985). Avec Sami Frey, Mara Goyet, Juliet Berto, Juliette Binoche, Aïna Welle et Simon de la Brosse.

Huitième film de Jacques Doillon, tourné dix ans après "Les Doigts dans la tête", qu'on peut également revoir, "La Vie de famille" appartient à la période la plus féconde du cinéaste.

Sortie juste après "La Pirate" qui avait déchiré le Festival de Cannes en 1984, c'est une œuvre plus apaisée, notamment dans sa seconde partie dans laquelle un père et sa fille se redécouvrent dans un périple caméra au poing.

Pourtant, tout commence par des scènes typiques du cinéma de Doillon, où les sentiments intimes sont hystérisés à froid. Les dialogues, totalement antinaturalistes, paraissent parfois faux ou grandiloquents, entre improvisations et tirades très écrites.

A l'époque, on parlait de "trafic de sentiments" et Doillon était particulièrement visé comme tenant d'un cinéma intellectuel, nombriliste et très parisien. En revoyant, "La vie de famille" et les affrontements entre Emmanuel (Sami Frey) et Mara (Juliet Berto), on s'aperçoit immédiatement que ces reproches sont toujours d'actualité.

Ceux qui découvriront pour la première fois le cinéma de Doillon seront sans doute surpris et dérangés par sa manière de vraiment mettre en scène un couple, de ne pas chercher un ton crédible.

D'aucuns y verront de l'affectation, alors que d'autres seront séduits par le style libre. S'il est un vocable qui correspond bien à Doillon, c'est bien celui d' "auteur". Un auteur qui, contrairement à ce que disaient ces contradicteurs, n'est pas un cérébral affecté.

Presque quarante ans après, son cinéma a gardé à la fois sa puissance d'irritation et de séduction. Que penseront les néo-féministes du personnage incarné par Sami Frey, et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Jacques Doillon lui-même saisi dans son costume Agnès B ? N'y verront-ils pas le portrait en creux de tous ces artistes tourmentés rattrapés depuis dix ans par la patrouille des bonnes mœurs ?

Que dire de l'attitude d'Emmanuel avec sa compagne Mara ? Ne parlerait-on pas aujourd'hui de harcèlement moral ? Que dire aussi de sa relation avec sa belle-fille Natacha (Juliette Binoche) ? Va-t-il trop loin ?

Au risque de se faire accuser de complicité machiste, on rétorquera que Jacques Doillon n'a que faire du réel, qu'il suffit de voir Sami Frey au volant de sa décapotable, en aggravant son cas par le port de lunettes de soleil, pour comprendre que le cinéaste ne vise pas une quelconque réalité sociologique.

On est plus simplement face à un homme qui voudrait se faire aimer de ses filles et qui, par timidité ou maladresse, a endossé un costume de père prodige, élégant et cynique. C'est pour cela que "La vie de famille" va peu à peu basculer et se transformer en un "road movie" où il tente de reconquérir sa fille Elise (Mara Goyet) dans un jeu de séduction par caméra interposée.

Dans cette seconde partie du film, comme dans "La Femme qui pleure" ou "La Drôlesse", également de retour sur les écrans, éclate tout l'art de diriger les enfants de Doillon. Il utilise à bon escient la précocité de Mara Goyet.

Le duo qu'elle forme avec Sami Frey sonne juste parce que tous les deux sont traités par le cinéaste en acteurs. Le comédien professionnel n'a pas à se mettre au niveau de la préadolescente. Ils sont face à face, se répondent et s'entendent formidablement.

Au final, "La vie de famille" de Jacques Doillon est un de ses films les moins torturés, les plus abordables. Avec cette pudeur qu'il cache derrière l'écume de ses provocations, il réalise à la fois un hymne à la paternité et à l'enfance, en sublimant l'imagination et la sensibilité de celle-ci.

 
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Le site officiel du Petit Palais

Crédits photos : © MM
avec l'aimable autorisation du Petit Palais


Philippe Person         
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