Comédie dramatique de Matéo Troianovski, mise en scène d'Elie Rofé, aevc Fanny Le Pironnec, Juliette Derkx et Matéo Troianovski.
D'Odon von Horvat, écrivain et dramaturge mort précocement en 1938, on connaît surtout la fin singulière, qu'on se gardera de raconter à ceux qui l'ignorent encore, puisqu'elle viendra clôturer ce biopic théâtral consacré à un écrivain de langue germanique mais dont l'identité n'est toujours pas facile à déterminer aujourd'hui.
Rien n'est vraiment simple dans cette vie qui, n'ayant pas atteint son terme logique, est soumise aux circonstances de l'histoire du monde. Etre anti nazi à l'époque, c'est risquer des persécutions et dans le meilleur des cas, un exil sans possibilité de retour. C'est ce que va vivre Odon von Horvath, sans cesse obligé de fuir à mesure que les nazis envahissent l'Europe.
Pour sa première pièce comme auteur, Matéo Troianovski s'est mis dans la peau d'Horvath. Il en a fait un personnage à la fois brinqueballé dans un monde hostile, au bord des larmes et du découragement, et un être qui transforme cette fragilité en force.
A n'être rien, tout le temps et partout, on finit par se résigner à être invulnérable. On a beau brûler ses œuvres ou le blacklister, Horvath continue à se sentir libre et peut-être même prédestiné à un bonheur dans un futur proche, en compagnie de la comédienne Hertha Pauli (Fanny Le Pironnec).
Matéo Troinaovski joue Horvath avec une bonne pincée d'humour tragique qui évite à son personnage d'être sinistre et de ressembler à un éternel porteur de poisse. Fanny Le Pironnec est à l'unisson pour partager le lourd fardeau de son compagnon.
Quant à Juliette Derckx, elle interprète plusieurs figures féminines croisées par le dramaturge dans ses périlleux déplacements. Consolatrice ou accusatrice, fil rouge du destin de l'auteur de "Jeunesse sans Dieu", elle lui annonce d'une voix chuchotée ou sévère les prochaines stations d'un chemin de croix dont le Golgotha sera parisien.
Ce trio de jeunes acteurs paraît étonnamment à l'aise. On peut sans doute voir là l'effet de la mise en scène limpide et astucieuse d'Elie Rofé. Grâce à lui, ce qui pourrait n'être qu'une pièce radiophonique de plus, prend corps. "Horvath Apatride" de Mateo Troianovski est un premier essai réussi qui en appellera d'autres pour tous ceux qui y ont participé avec visiblement beaucoup d'envie. |