Cabaret théâtro-musicale sur des textes de Georges Courteline, mise en scène de Raymond Acquaviva, avec Marine Arlen, Charlotte Bottemanne, Rachel Muniz, Mathieu Peralma, David Reboah et Pierre-Emamnuel Uguen, accompagnés par le pianiste Quentin Morant.
Le "Cabaret Courteline" mis en scène par Raymond Acquaviva propose un roboratif divertissement théâtro-musical résultant d'une fort réussie combinaison. Celle d'un florilège de pièces courtes de Georges Courteline, célèbre boulevardier de la Belle Epoque, et d'une sélection de chansons souvent grivoises, telles "Mon fût" et "A Bouffémont", du répertoire dit fantaisiste de la même période intervenant, parfois en contrepoint, comme intermèdes. Bien que centenaires, ces opus ressortant à la mini épopée héroï-comique n'ont rien perdu de leur efficacité comique avec leur double effet kiss cool tenant à leur acidulée satire des moeurs bourgeoises et de certains milieux professionnels, thèmes de prédilection de l'auteur, se concluant par la déconfiture d'un protagoniste-lapin. Ils se prêtent bien au format cabarettique que Raymond Acquaviva décline par des choix éclairés tenant à la scénographie sans esbroufe mais efficace, quelques éléments de décor mobilier pour signifier une salle de cabaret recombinés à vue au gré des scènes personnalisées par une vue projetée en fond de scène, au registre d'une théâtralité sans recontextualisation et une tonalité spécifique pour chaque partition. Et surtout une distribution judicieuse en terme d'emploi avec de jeunes comédiens, tous formés à l'école qu'il dirige, qui apportent leur belle fraîcheur de jeu aux pièces sélectionnées qui, en l'occurrence, officient comme des scènes dites de révélation. Ainsi au gré d'épatants duos : féminin avec la blonde Marine Arlen et la brune Rachel Muniz dans le pia-pia futile de "Gros chagrin" ou masculin dans "Monsieur Badin" avec David Reboah et Pierre-Emamnuel Uguen qui apporte à sa composition de personnage de fonctionnaire tire-au-flanc une superbe composante de burlesque chaplinesque qui préside également à son rôle de l'écornifleur des Boulingrin.
Duos encore dans les partitions qui ciblent le couple avec la scène de ménage ritualisée des petits bourgeois de "La Peur des coups" avec Marine Arlen en piquante coquette et Mathieu Peralma désopilant en matamore timoré ou la pseudo-grandiloquence des grands bourgeois de "L'Honneur des Brossarbourg" avec Charlotte Bottemanne et David Reboah. Et coup de coeur pour le pique-nique(sic) champêtre de "Avant et après" avec Rachel Muniz en délicieuse et gouailleuse cousette et Mathieu Peralma en godelureau balocheur qui, par leurs intonations, évoquent Arletty et Jean Gabin.
Accompagnés par Quentin Morant au piano, tous poussent également la chansonnette sans fausse pour dispenser ce cabaret pour le plaisir de rire qui mérite de jouer à guichets fermés. |