Comédie dramatique de Solenn Denis, mise en scène de Audran Cattin, avec Mathilde Weil, Maxime Gleizes et Simon Cohen. Né de la rencontre, dans le cadre du dispositif Binôme (entre un scientifique et un auteur), de Pierre-Olivier Lagarde, astrophysicien et de Solenn Denis, "Effleurer l'abysse" est la confrontation d'un couple autour du fantôme de l'enfant disparu qui les hante en permanence.Dans l'absence immense qu'a laissé l'enfant, ils cherchent des traces dans le néant. Lui, travaillant à observer les traces d'étoiles mortes avec un téléscope infrarouge, cela donne à Jo l'idée de chercher de la même façon dans l'appartement ... Solenn Denis a écrit un texte court mais dense avec l'écriture à la fois forte et poétique qu'on lui connaît qu'Audran Cattin pour sa première mise en scène a choisi de porter au plateau. Dans une scénographie épurée, le couple Jo (Mathilde Weil, intense) et Ben (Maxime Gleizes, excellent) se déchirent. Elle, artiste, à l'écoute des signes qui pourraient la guider vers son enfant et lui, astrophysicien donc rationnel, qui ne croît pas à tout ce qui est surnaturel. Audran Cattin dirige ce huis-clos sur le fil dans une tension permanente heureusement adoucie par quelques minutes de silence évocateur ou d'images infrarouges (effets visuels réussis de Léo Mondon), le tout sur la musique envoûtante de Pablo Clevenot. Les deux comédiens jouent avec une belle sincérité ce face à face âpre et tendu teinté d'étrangeté. On regrettera parfois le manque de nuances dans cet affrontement permanent aux nombreux claquements de portes mais l'ensemble est tenu d'un bout à l'autre avec pugnacité. La présence d'un troisième personnage (Simon Cohen, parfait) ne permettra pas de réconcilier le couple dont on voudrait pourtant qu'ils parviennent à s'allier afin de ne pas tout perdre... Un spectacle singulier et prometteur. |