J’ai découvert Kate Tempest en 2018 avec le livre Ecoute la ville tomber publié aux éditions Rivages, qui fut un de mes livres préférés cette année-là. Je découvrais en même temps qu’elle était à la base un véritable phénomène en Angleterre.
En 2013, cette jeune londonienne se fit remarquer sur la scène alternative anglaise. Touche-à-tout, elle écrit des poèmes, des pièces de théatre, des livres et a déjà composé deux albums. Remarquée ensuite lors des Transmusicales de Rennes, elle fait preuve d’une présence scénique incroyable porté par des textes percutants.
A l’époque, elle s’appelle Kate, elle a les cheveux roux et en bataille, elle est mal fagotée mais son talent réside dans son slam caractérisé par un flot percutant. En 2016, elle écrit une chanson qui fait le tour du monde, "Europe is lost".
En 2020, elle rend publique sa décision de se définir comme non binaire, prenant le nom de Kae Tempest. Un changement qui se retrouve sur la pochette de son nouvel album, Line is a curve avec une image volontairement floue et des cheveux courts. L’artiste se dit maintenant épanouie, apaisée et cela se retrouve musicalement dans son disque. Elle explore le processus de lâcher-prise dans ce disque.
Terminé le temps de ses précédents albums dans lesquels elle exprimait son dépit ou son desarroi face à notre monde englouti par la consommation, la pornographie et les réseaux sociaux. Son nouvel album est là pour marquer l’apaisement, un tournant dans sa musique.
Line is a curve a été conçu avec son partenaire musical Dan Carey. Sur ce disque Kae Tempest est accompagnée de Lianne La Havas qui nous propose un refrain soul sur l’un des titres. Elle fait aussi appel à Grain Chatten des Fontaines DC sur un autre titre et à Kevin Abstract, un rappeur américain sur un autre.
Kae Tempest joue à merveille sur le débit de sa voix, sur ses intonations. Elle nous propose un disque varié et riche musicalement avec des guitares, des synthés, du piano, de la batterie et aussi des cuivres. C’est un album très mélodique, très électronique aussi qui marque chez cette artiste une nouvelle ère moins sombre et plus sereine.
Au niveau de la voix, on est dans le slam, dans le rap, dans la poésie brute, dans la déclamation constante et émouvante. C’est une forme de poésie parlée que nous propose Kae Tempest qui prend parfois des allures d’incantations. On est dans un rap ou un slam totalement maîtrisé qui s’appuie sur des nappes musicales hypnotiques.
Kae Tempest nous embarque totalement dans son univers avec cet album particulièrement réussi qui, j’espère, trouvera son public en France, autant qu’en Angleterre. A découvrir absolument.
Le froid pointe le bout de son nez, les guirlandes sont de sortie (mais couper votre box internet surtout hein...) mais il reste la culture pour se réchauffer et se réconforter. C'est parti pour le programme de la semaine.