Des corps dans le décor
(December Square) avril 2022
S’il y a des choses à retenir du premier disque du groupe français Mauvais Sang, c’est le jeu sur les tensions, sur les dynamiques, les climats, les reliefs, cette capacité à marier calme et tempêtes électriques. Une certaine dimension cinématographique également.
Le groupe composé de Léo Simond au chant, Valérian Burki à la guitare et à la basse, Marion Pozderec à la harpe et au chant, Mathis Saunier à la guitare et Antoine Vercellotti à la batterie et aux graphismes a l’intelligence, et la maîtrise technique, de ne pas tomber dans un certain systématisme facile (couplets calmes, refrains violents) et de ne pas rendre trop maniéré son lyrisme, sa sophistication. Ce n’est pas pour rien si le groupe fait référence à Leos Carax (et donc Arthur Rimbaud), Denis Lavant apparaissant même sur deux morceaux.
Mauvais Sang soigne une poésie toujours sur le fil du rasoir, une écriture, les textures, ses textes sombres (inspirés de Houellebecq ou Aragon). Il y a quelque chose de romantique, d’écorché dans cette musique assumant bestialité et fragilité et sa part de sensibilité. Une audace aussi. Et elle paie.