Comédie dramatique de Charlotte Boimare et Magali Solignat, mise en scène de Magali Solignat, avec Alain Guillo, Tom Almodar, Charlotte Boimare et Magali Solignat.
Les comédiennes et auteures à quatre mains Charlotte Boimare et Magali Solignat ont conçu leur partition au titre explicite "Le jour où mon père m'a tué" avec l'intention, indiquent-elles, en s'inspirant d'un fait réel intervenu en Guadeloupe, de "faire vivre les paroles des te?moins proches ou anonymes, qui d’une fac?on ou d’une autre ont ve?cu le drame".
Ce qui l'inscrit dans le genre de la docu-fiction, avec, en l'espèce, un emprunt aux codes du théâtre radiophonique, et la forme du reportage affranchi de la linéarité chronologique avec une composition puzzléique de narration factuelle, témoignages, scènes dialoguées et soliloques pour brosser le profil d'un fils fragile à la quête de reconnaissance et le portrait peu flatteur d'un père à la personnalité caractérisée par une virilité machiste.
Et ce dans la configuration particulière du fils sans père, "l'enfant-braguette" issu d'une relation éphémère et élevé par sa seule mère, et du père qui n'est pas un homme ordinaire mais une célébrité locale ce qui exacerbe la médiatisation de l'évènement.
Par ailleurs, par le choix des intervenants, avec toutefois l'omission de la figure maternelle, et le contenu de leur propos, les auteures abordent également les problèmes généraux du malaise de la jeunesse, du fléau de la drogue et de la violence et les particularismes des territoires ultramarins liées aux difficultés sociaux-culturelles spécifiques ainsi qu'au passé colonial et à la carence en matière de gestion politique.
Dans la mise en scène empruntant aux codes du théâtre radiophonique de Magali Solignat qui ne verse ni dans le pathos démonstratif ni dans le sentimentalisme et réussit un collage séquentiel dynamique, elle-même, Alain Guillo et Charlotte Boimare campent efficacement tous les personnages et entourent Tom Almodar qui porte avec justesse et sensibilité le rôle du fils éconduit. |