Réalisé par Tony Gatlif. France/Japon. Comédie dramatique. 1h27 (Sortie 8 juin 2022 - 1ère sortie 2002). Avec Oscar Copp, Lou Rech, Tchavolo Schmitt, Mandino Reinhardt et Abdellatif Chaarani.

Quel plaisir de revoir la jolie Swing (Lou Rech), petite manouche intrépide de neuf ans qui entraîne Max, dix ans, en vacances chez sa grand-mère alsacienne, à la découverte du monde gitan sédentarisé en Alsace !

Le film de Tony Gatlif a vingt ans et n'a pas pris une ride et pas simplement sa bande originale qui a fait connaître Tchavolo Schmitt, le grand guitariste qui a renouvelé la musique manouche après l'époque Django Reinhardt.

Par l'intermédiaire du personnage de Max, qui prend des cours de guitare avec Miraldo (Tchavolo Schmidtt), et s'éprend de Swing, Tony Gatlif a eu l'ambition de faire connaître au spectateur gadjo le monde manouche. On y parlera musique, débarras de grenier, hérisson, génocide tzigane, et on laissera pour une fois de côté tous les préjugés sur les voleurs de poules...

C'est sans doute le film le plus didactique de l'auteur de "Latcho Drom", l'un des plus réussis et des plus purs aussi. Car, à proprement parler, il s'agit d'un film pour enfants dans lequel il a voulu également montrer que la musique manouche s'était nourri de tous les voyages de ses pratiquants.

On y entendra donc le grand musicien yiddish Ben Zimet, jouant ici un rôle de médecin. Dans "Swing", Tony Gatlif affirme clairement que les musiques juives, musulmanes et gitanes se sont depuis toujours mélangées. On y entendra de concert l'oud, le klezmer et la guitare dans des sessions joyeuses qui ont fait date.

Si l'on n'habite pas certaines villes d'Alsace ou de Lorraine, département où l'on compte de fortes communautés de manouches sédentarisés, on ignore justement que ceux-ci ont quitté la caravane et qu'il sont depuis plusieurs générations installés dans l'Est de la France.

Cela ne les empêche de rester très proches de la nature et le petit Max apprendra à pêcher à mains nus, à recueillir certaines herbes pour se soigner avec des tisanes, à glisser en barques sur les cours d'eau et les rivières.

"Swing" de Tony Gatlif est un hymne à un peuple qu'on présente souvent de travers. Il n'a pas la faconde des films de Jean-Charles Hue, mais il mérite d'être vu ou revu. Porteur d'un message humaniste qu'on pourra trouver naïf, il a pourtant pleinement sa place en cette période où tout ce qui a un coup et un prix ne peut rivaliser avec quelques accords joués gratuitement sur une guitare sans âge.

On ne se lassera jamais de ce swing manouche joué par ces "fils du vent", selon la belle expression titre d'un film de Bruno Le Jean de 2014 dans lequel on retrouve le magicien Tchavolo Schmitt qui a pris son envol dans le film de Tony Gatlif...

Trêve de bavardage...Place à la musique !