Premier grand festival en Bretagne, débarassé des complications dûes au Covid, Art Rock 2022 était attendu avec une affiche mélangeant stars internationales et découvertes indépendantes. Cette édition n'a pas déçu avec de grands spectacles sur la scène de Poulain Corbion et de très jolis moments de découverte sur la scène B et dans le Forum.

Passons sur la terrible soirée du vendredi, celle où l'orage s'est invité, obligeant le public à se retrancher pendant que Gazo animait la grande scène devant un parterre d'irréductibles trempés jusqu'aux os. Retenons la belle prestation de Sopico, heureuse surprise sous le déluge, dont l'album avait bien tourné sur nos platines. Rap à guitares, tantôt déchainé, tantôt plus calme. Un artiste à revoir très vite. Phoenix quant à eux ont été parfaits, sur la grande scène avec une scénographie à tout casser et leurs plus grands tubes.

Pour le deuxième jour, après le passage obligé auprès des restaurateurs étoilés de Rock'n'toques dont le succès sur la place principale ne se dément pas depuis 10 ans, on retourne avec plaisir sur la scène B avec le duo américain de Mattiel. Chant / guitare avec boite à rythmes, un petit air de Kills moins rock, plus pop avec des mélodies entêtantes. A coup sûr l'un de nos coups de coeur des trois jours.

Ils seront suivis sur cette scène tellement intéressante par November Ultra puis les bretons de Guadal Tejaz, toujours efficaces dans leur punk revisitant Marquis de Sade et Joy Division pour le plus grand plaisir des noctambules. Sur la grande scène, superbes prestations de Gael Faye puis Juliette Armanet, tantôt assise au piano, tantôt harranguant le public sur ses derniers titres très discos.

Le passage par le forum en fin de soirée fera découvrir l'excellente Katy J Pearson dont l'album va sortir et que nous recommandons pour les fans de folk lo-fi. Un vrai bon moment dans cette petite salle avant la petite déception du jour avec The KVB un peu sages.

Déjà le dernier jour avec la reine du grunge, Kim Gordon en personne et en version solo avec ses musiciennes pour un concert devant un public clairsemé et parfois circonspect qui ne s'attendait pas à ce type de musique sur la grande scène. A 69 ans, elle démontre qu'elle est encore à la page basculant entre titres expérimentaux et morceaux que n'aurait pas reniée la jeunesse sonique.

Après un émouvant concert de Jane Birkin, retraçant tous les grands moments de son répertoire, Peter Doherty présente son dernier et magnifique album réalisé avec Frédéric Lo. Le britannique s'est (un peu) assagi, a pris des kilos mais profite de ce calme pour chanter comme il ne l'a jamais fait. Belle réussite que cette collaboration.

Sur la petite scène, les très attendus Gwendoline, passent après la tornade Kalika, et contrairement à leur dernier concert aux Transmusicales, se présentent en version simplifiée sans écrans, presque sans lumière. Un peu décevant même si on continue d'adorer cette shlag wave nihiliste avec le duo qui semble être réellement devenu un groupe à 4. On a hâte de les revoir dans de meilleures conditions.

Dernier gros concert avec Clara Luciani. Après un passage en 2018 en découverte sur la petite scène, c'est désormais une vedette façon seventies qui s'affiche avec ses musiciens et choristes sur la grande scène de Poulain Corbion. Un show millimétré qui terminera parfaitement et sous les confettis cette excellent cuvée 2022 d'un des plus intéressants festivals français.