Et si la Nature nous en voulait de tout ce qu’on lui fait subir depuis des siècles ? Si elle décidait de nous le faire payer pour nous faire comprendre un bonne fois pour toute que sans elle, nous sommes condamnés ? C’est ce qu’ont imaginé six autrices dans Elle est le Vent Furieux paru en 2021 chez Flammarion Jeunesse.

Sophie Adriansen (La Remplaçante, First éditions, 2021), Marie Alhinho (Wicca, Poulpe Fiction, 2019), Coline Pierré (Pourquoi Pas la Vie, l’Iconoclaste, 2022), Cindy Van Wilder (Tous Debout, Hugo Roman, 2021) et Flore Vesco (D’Or et D’Oreillers, L’Ecole des Loisirs, 2021) se joignent à Marie Pavlenko (Et le Désert disparaîtra, Flammarion, 2020) dans un recueil de nouvelles.

Sous les traits d’une vieille femme, la Nature rentre chez elle après avoir constaté ce que l’humanité fait de ce qu’elle offre. Dévastée, épuisée, elle décide de nous donner une leçon dont nous découvrons différentes possibilités à travers plusieurs nouvelles dans lesquelles chacune des autrices citées précédemment dépeint sa version de la Nature vengeresse à sa manière, chacune avec sa sensibilité´ et sa plume.

Des humains qui découvrent que des plantes poussent spontanément sur leur peau, des singes qui deviennent envahissants, l’urgence du réchauffement climatique, l’aridité tant redoutée, la montée des eaux, chaque autrice rivalise d’imagination pour donner vie aux conséquences les plus terrifiantes auxquelles nous aurait mené le manque de considération pour notre environnement. Un ouvrage dystopique tantôt touchant, glaçant, bouleversant et criant de poésie à bien des égards, sur une thématique actuelle qui est très bien abordée.

Elle est le Vent Furieux étant un recueil de nouvelles, dont la structure est très bien pensée, fruit de six plumes et univers différents, il en est parfois inégal. Cependant, certaines ont particulièrement réussi à me toucher, mon coup de cœur allant très nettement à Sauvée des Eaux écrite par Marie Alhinho qui nous propose un récit sombre écrit en vers libres dont le rythme lancinant nous plonge dans l’angoisse autant que dans un émerveillement teinté d’effroi. Une poésie et une montée en tension qui m’ont fait monter les larmes aux yeux.

A lire à partir de 13 ans, la thématique et son traitement n’en sont pas moins universels et la plupart des nouvelles nous font rapidement oublier que l’ouvrage est pensé en premier lieu à destination de la jeunesse. Il est tout à fait adapté à une lecture adulte et peut dans l’idéal être partagé et discuté. Les autrices réussissent pour la plupart à réveiller en nous une conscience aigüe de la réalité en poussant la fiction à l’extrême.