Des années après le succès de sa première bande-dessinée (Vacuum, 2014), l’auteur et illustrateur allemand Lukas Jüliger est de retour dans les étagères des librairies avec Unfollow, une BD publiée par Ankama dans leur collection jeunes adultes.
Nous suivons au fil des pages l’histoire d’un mystérieux jeune homme très lié à la nature qui, témoin de son déclin et inquiet du sort de notre planète, voue son existence à tenter de la sauver. Sous le nom de Earthboi, il va documenter sa vie en ermite devenu autosuffisant et petit à petit devenir une véritable célébrité des réseaux sociaux afin de se servir de sa notoriété pour mener à bien ses projets de plus en plus ambitieux.
Unfollow est une lecture déroutante dont il est difficile d’anticiper le déroulé. L’esthétique des planches quasi-monochromes et le trait fin de Lukas Jüliger donnent à la BD une identité graphique unique. Elle est d’autant plus mise en valeur par l’absence de texte sur les illustrations qui laisse alors une véritable place à la narration par l’image. Seules quelques lignes de texte les accompagnent, rappelant une voix désincarnée qui nous guide au long du récit.
Il est difficile pour moi de déterminer si j’ai réellement aimé ou non cet ouvrage, je peux simplement affirmer qu’il ne m’a certainement pas laissée indifférente. L’ancrage du récit dans notre réalité et notre présent malgré ses airs de dystopie impose une ambiance pesante, qui ne cesse de croître à mesure que l’histoire de Earthboi avance. Il nous pousse à la limite entre les prouesse réalisable grâce aux réseaux et les dérivent qu’ils peuvent entraîner. Il amincit la frontière entre l’influenceur et le gourou et questionne le rapport à l’autre au passage du virtuel au réel.
Lukas Jüliger explore à travers Unfollow des thématiques d’actualité comme l’urgence écologique, l’implication des jeunes générations ou le rôle du numérique et des réseaux sociaux dans notre quotidien et comment en faire des outils potentiels. Il laisse des questions suspendues, nous amenant à nous questionner et si le dénouement de son récit me laisse perplexe, il s’agit bien de l’une de ces lectures qui se digère un temps et se fait doucement mais sûrement une place dans les esprits. |