Comédie dramatique de Morgane Raoux, mise en scène de Julie-Anne Roth, avec Morgane Raoux et Nicolas Wanczycki.
"Second souffle", adaptation théâtrale du roman autobiographique “Je ne souffle pas, je chante” de Morgane Raoux, retrace le destin étonnant et contrarié de la jeune clarinettiste. De la petite fille qui grandit dans l’amour d’une famille unie mais subit une agression, à la jeune fille qui se découvre une passion pour la musique et la clarinette et grimpe petit à petit les échelons du conservatoire, jusqu’à la concertiste aguerrie qui doit se faire un place dans le monde féroce des orchestres symphoniques, le spectateur suit son parcours fait de joies, de peines, d’obstacles à surmonter, de victoires à savourer jusqu’au coup du sort qui aurait pu lui être fatal: un double pneumothorax qui lui interdit la pratique de son instrument chéri. A l’image de la grenouille tombée dans un pot de lait et qui se débat si fort qu’elle tourne le lait en beurre et s’en sort, Morgane Raoux fait de cette histoire pour enfant contée par son père le leitmotiv de sa nouvelle existence, jusqu’à trouver une autre manière de vivre sa passion, véritable second souffle. Aujourd’hui auteure, compositrice et créatrice de spectacles musicaux, Morgane Raoux rajoute encore une corde à son arc en tant que comédienne en interprétant sur scène, avec beaucoup de sensibilité et d'humour, son propre rôle. Elle est accompagnée par le truculent Nicolas Wanczycki qui lui donne la réplique avec malice et bonne humeur et interprète avec une incroyable aisance tout l’éventail des personnages qui peuplent l’univers de notre héroïne, de la directrice d’école un peu perchée, au professeur macho voire carrément pervers, en passant par le père aimant où l’amie dévouée. L’adaptation (en partenariat avec l’auteure) et la mise en scène de Julie-Anne Roth, simple, précise, efficace, fait fonctionner à merveille ce duo d’acteurs de prime abord dépareillé et rend la narration très fluide et agréable à suivre. La scénographie de Salma Bordes, qui se limite pourtant à l’utilisation de quelques accessoires et à un jeu de lumières (Rémi Cabaret) et d’ambiances sonores (Yoann Blanchard) bien pensées projette tout naturellement le spectateur d’une salle de classe à la fosse de l’opéra bastille puis à une salle de chauffe de concours d’orchestre. Très beau récit, simple, lumineux et empreint de beaucoup de sensibilité, "Second souffle" est avant tout l’occasion pour l’auteure de faire part de sa vision du monde et de ses combats, donnant ainsi au spectateur une leçon de vie et de résilience pleine de douceur. |