En partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du costume de scène célèbre le 400ème anniversaire de la naissance de Molière en proposant avec l'exposition "Molière en costumes" une anthologie des costumes créés au 20ème siècle pour des mises en scènes n'ayant pas opté pour le recontextualisation temporelle et donc dites "en costume d'époque".
En effet, la commissaire Véronique Meunier-Delissnyder, conservatrice générale à la BnF, a donc sélectionné, outre des maquettes et des photographie d'archives, un ensemble de costumes présentées en tableaux dans une scénographie de Philippine Ordinaire qui les met en judicieuse résonance avec des illustrations du 17ème siècle.
Molière... quand l'habit annonce le personnage
La monstration revêt un double intérêt. D'une part, elle s'avère une incursion dans l'Histoire de la mode et du costume du 17ème siècle à laquelle se réfèrent les costumiers contemporains même si d'aucuns notoires, tels Marcel Escof?er, Christian Bérard, Erick Plaza-Cochet, Dominique Borg et Christian Lacroix y apportent leur touche de fantaisie personnelle, et rend hommage à leur savoir-faire.
D'autre part, elle propose un parcours ordonné autour des thématiques récurrentes déclinées par Molière qui s'avère un sagace observateur de la société de son temps sur laquelle il pose un regard satirique pour, par voie de l'éthopée comique, dresser une typologie des caractères, version théâtrale de ceux littéraires de La Bruyère qui paraîtront après son décès, et des passions humaines avec des personnages iconiques à l'instar de l'avare Harpagon.
Et, dans son répertoire, toutes les classes sociales, des petits marquis courtisans aux paysans en passant par les bourgeois en quête de notoriété et le personnel ancillaire sont représentées et concourent à l'intrigue essentiellement traitée de manière farcesque dont le costume révèle la condition comme celui des duos ancillaires et ceux des jeunes tourtereaux qui correspondent à des emplois en terme dramatique.
Molière s'amuse et amuse en épinglant tant les institutions, ainsi la médecine ("Le Malade imaginaire" et la religion
et ce qui ne se nommait pas encore le snobisme culturel, la cuistrerie avec la vogue de la préciosité et du scientisme des "Femmes savantes".
Les comédies de moeurs de Molière puisent dans la réalité sociologique, culturelle et sociétale en stigmatisant le socle du patriarcat avec le père tyrannique et la condition féminine avec le mariage contrarié voire forcé des filles ainsi dans "L'Ecole des femmes".
Les moeurs légères sinon dissolues ne manquent pas à l'appel avec les personnages de libertins et de coquettes.
Un ultime tableau, avec un superbe décor défilant actionnable par le visiteur, est dédié au genre de la comédie-ballet inventé par Molière et soutenu par la musique de Lully avec les deux opus emblématiques "Le Bourgeois gentilhomme" et "Le Malade imaginaire".
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