"Cet objet est un roman qui raconte mon histoire" nous annonce Matthieu Seel, auteur d’un fulgurant premier ouvrage publié par les éditions Harper Collins. Matthieu Seel s’appelait Charles quand à trente ans il racontait son quotidien de fumeur de crack dans Crackopolis sur Arte Radio.
Aujourd’hui âgé de 39 ans, il nous livre un premier récit immersif et poétique sur son histoire autour du crack avec un ouvrage salué par Virginie Despentes qui est sûrement une source d’inspiration pour l’auteur. On retrouve chez Matthieu Steel le souffle présent dans les ouvrages de Virginie Despentes. Peu importe le style, pourvu qu’on ait l’ivresse. C’est chose faite avec cette lecture. Matthieu Steel impose son phrasé qui est celui d’un garçon pressé dont l’itinéraire si particulier ne souffre d’aucun temps mort.
Sa naissance sous X, son parcours de gosse aux mille questions qui veut grandir trop vite en espérant un jour pouvoir y répondre, ses premiers pas puis ses premiers joints dans le 19ème arrondissement de Paris où il a grandi et les jardins chics de la Rive Gauche où il a choisi un blase pour la vie, ses déambulations sous crack dans la rue, le métro, les parkings et sur la colline, il les raconte.
"Charles" a vogué d’un monde à l’autre et d’un monde à l’autre, cherchant sa place, un beau jour il a sombré. Mais Matthieu a fini par supplanter "Charles". Sa rédemption après l’addiction, son sevrage, en équilibre sur un fil ténu, celui de l’existence, il les raconte aussi. Son parcours devait l’emmener vers une mort certaine, emporté par ce crack mortel mais Matthieu a choisi de vivre et cela nous donne un récit lumineux.
Ce roman est une véritable claque, un ouvrage d’un peu moins de 200 pages qui se lit d’une traite, porté par des chapitres très courts qui témoigne rudement de sa marginalisation et de sa descente aux enfers. On se retrouve happé par le style sec de l’auteur, son phrasé si nerveux mais surtout la grande sincérité qui se dégage de ses mots et de ses maux.
La rédemption prend tout son sens avec cet ouvrage qui témoigne d’une nécessaire reconstruction par l’écriture de Matthieu Seel en évitant de verser dans le pathos inutile. Salutaire et bouleversant, Rien ne dure vraiment est un superbe ouvrage.
Jean-Louis Zuccolini
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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