On avait fait l’éloge l’année dernière d’un livre relatif à la culture Riot Grrrl (Riot Grrrl - Revolution Girl Style Now de Mathilde Carton aux éditions Le Mot et le Reste) et de ces jeunes féministes nord-américaines (Bikini Kill ou Bratmobile) qui au début des années 1990 sont parties à l’assaut de la production musicale pour rendre le punk plus féministe. En reprenant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une culture alternative qui va notamment permettre l’émergence du courant gunge / rock comme Hole ou Babes In Toyland.

La première écoute d’A Void nous a immédiatement renvoyés vers cette prestigieuse lignée musicale américaine. A Void n’est pourtant pas un groupe américain puisque c’est l’histoire d’un trio de la scène londonienne composé de deux françaises et d’un anglais : Camille Alexander (chant / guitare) soutenue à la basse par Aaron Hartmann, et à la batterie par Marie Niemiec. Il s’agit de leur deuxième album, composé de 12 titres écrits, produits pendant le confinement et enregistrés à Londres.

Musicalement, on navigue entre des parties mélancoliques et lancinantes suivies rapidement dans le même titre par des riffs saturés et une batterie qui cogne bien les tympans de l’auditeur. La voix de Camille Alexander nécessite une attention particulière car elle manie à la fois un chant langoureux et des hurlements à faire pâlir Courtney Love. C’est particulièrement le cas sur "One of a kind" ou "Sad events reoccur part 1". Ces variations sont d’ailleurs aux services des textes dès lors que c’est le prisme de la santé mentale qui est mis en avant comme le titre de l’album, Dissocation, le suggère.

L’album sait également quitter le côté trio grunge pour des titres plus mid-tempo comme "2B Seen" ou l’obscur "5102" ou pour un son hyper massif limite metal sur "Newspappers".

En tout cas, on ressent de cet album une belle énergie scénique de ce power trio et cela tombe bien puisqu’il sera en concert Paris, à la Dame de Canton, le 29 septembre prochain.